27 février 2014
La critique de Claude :
Cela commence comme un livre de Barnes, Cross Channel (Quelque chose à déclarer) par exemple.
Barnes est un conteur – spécialité qui n’est plus assez en honneur -. En quelques lignes, il nous projette dans le monde éblouissant des aéronautes, Pilâtre de Rozier, le malheureux pilote des Montgolfières, Félix Tournachon, mieux connu sous le nom de Nadar, inventeur de la photographie, et le très britannique capitaine Fred Burnaby, soupirant déçu de « Madame Sarah » (Bernhardt).
Des scènes prises en plein ciel, entre les falaises de Douvres et celles de Calais, au milieu des nuages, nous montrent d’immenses ombres, qui enflamment la passion des aéronautes et nous font respirer un grand coup, avant d’aborder la deuxième partie du livre.
Car l’aéronautique n’est pas le sujet du livre : quand l’auteur y vient, en page 75, le lecteur souffre avec lui, et il souffrira jusqu’au bout. Julian Barnes écrit pourtant avec sa sobriété habituelle – rien de trop - mais il nous emmène vers le « Tropique du chagrin », ce chagrin qui l’étreint depuis la mort de sa compagne.
« L’amour nous donne un sentiment de foi et d’invincibilité » : on tombe d’autant plus haut, quant l’être aimé n’est plus, comme un ballon en perdition.
Je n’en dirai pas plus, car je respecte trop l’auteur pour commenter cette partie du récit : je suis sans doute autant privé du sens commun que ses amis et relations, dont il décrit les réactions inappropriées devant son deuil.
Un livre à lire absolument.
Quand tout est arrivé - Levels of life, récit de Julian Barnes, traduit par Jean Pierre Aoustin édité au Mercure de France, Bibliothèque étrangère - 129 p., 15,50 €