Après la petite déconfiture de la veille, je décide de prendre un peu le temps, de me lever tard et de faire quelques longueurs dans la piscine, histoire de délasser mon esprit, pour de bon.
Après midi, je décide de faire appel à un taxi, un autre, un bien, un fiable — celui d’hier est rayé de la liste de l’hôtel. Je ne parle pas bahasa mais ce que j’entends au téléphone me laisse comprendre qu’un client qui se plaint n’aura pas l’occasion de se plaindre deux fois. C’est un ami de la jeune réceptionniste qui porte le doux nom de Pingki et un grand sourire sincère qui arrive. Un type d’une quarantaine d’année avec les dents de traviole, qui parle tout doucement et à l’air un peu hagard, mais surtout, très gentil. Mon but de la journée, partir sur la route pour aller sur Jatiluwih, les fameuses rizières qu’il est question de classer au patrimoine mondial de l’UNESCO. La route est magnifique, et j’ai largement le temps de regarder puisque nous roulons en moyenne à 30 km/h. Quelques pointes à 80 pour doubler, mais sur Bali on roule doucement en général. Lorsque nous arrivons dans les montagnes, les paysages se transforment et ce sont désormais des lacets qu’il faut enquiller, une succession de lacets et de routes droites au bord desquelles on peut voir les travailleurs des rizières dans leur quotidien. Wayan, mon chauffeur, manque plusieurs fois d’écraser des poules ou des chiens.
Nous arrivons sur les hauteurs. Il faut payer 15.000 rps pour entrer dans le parc. Il laisse la voiture en face d’un warung et m’indique le chemin pour accéder aux rizières. Je croise beaucoup de gens qui travaillent, des visages souriants pour la plupart à qui je m’amuse à lancer des selamat sore auquel on me répond facilement et toujours avec le sourire. Les gens qui n’ont rien à vendre ont le sourire sincère puisque c’est celui qui ne demande rien…
Le chemin des rizières est superbe, on peut y voir les terrasses serpenter avec grâce le long des flancs de la montagne, un riz aux feuilles déjà épaisses masquant l’eau qui baigne à ses pieds.
Le paysage est splendide au pied de la montagne qui elle, a la tête dans les nuages. Il fait un temps doux et humide, agrémenté d’un petit vent agréable qui change des températures parfois accablantes. En sortant des rizières, je dis à Wayan que je souhaite déjeuner quelque chose. Pas de problème, il m’emmène vers une grande terrasse, une usine à touristes Chinois, mais je décline et je lui dit que je veux aller déjeuner dans le warung devant lequel il s’est garé où deux jeunes filles semblent s’ennuyer ferme. Je m’assieds et commande un ayam sayur, du poulet dans une soupe de légumes que je partage avec un chien qui n’attend que ça. Je lui donne les os qu’il fait craquer sous la dent.
Retour sur Ubud tranquillement par la même route. J’arrive à temps pour demander à la réception si je peux voir ce soir un spectacle de jegog, mais il n’y en a pas ce soir. Par contre je peux voir un spectacle de barong qui, pour le coup, ressemble vraiment à du théâtre japonais. Comme le spectacle commence dans un quart d’heure, j’ai juste le temps de poser mes affaires et de demander si on peut m’emmener en scooter en ville, ce que le jeune garçon fait avec obligeance (après tout, ça fait partie des prestations de l’hôtel et on ne peut pas dire que j’aie abusé jusque là).
L’actrice qui joue le rôle du jeune prince est de toute beauté. Là encore j’ai enregistré le son de ce spectacle, mais je ne suis pas certain que ça rende quelque chose, entre les Allemandes à côté de moi qui discutait et mangeait des cacahuètes en le décortiquant, les jeunes balinais qui jouaient et le bruit de la rue.
Une belle journée qui efface celle d’hier.