Le père Gattaz aurait voulu être un artiste, pour pouvoir faire son numéro, quand l’avion se pose sur la piste et qu’il puisse y descendre sans aigreur après avoir supporté durant tout un trajet France-USA l’infâme Montebourg qui cherchait à le redresser positivement ! Oui, Pierre Gattaz se serait bien vu en haut de l’affiche, en 10 fois plus grand et voir son nom s’étaler ! Mais Pierrot n’est pas un artiste ! Il est à la tête du Medef (Syndicat des Patrons) parce que son père y était (enfin, à l’époque c’était le CNPF) ! Alors l’ami Pierrot prête sa plume à la rédaction de projets anti culturels comme pour se venger de la mauvaise fortune ! Pierrot veut supprimer le statut des intermittents du spectacle. Enfin, il ne le dit pas aussi brutalement. Il cherche des alexandrins, des métaphores sublimes, mais en toute inanité, il se contente de réitérer cette bonne vieille idée d’aligner l’indemnisation des précaires de la culture sur celle dont bénéficient les demandeurs d’emploi du régime général ! En l’occurrence, Pierrot le fou songe qu’il est possible de faire un grand retour en arrière : suppression des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage qui précisent que les techniciens doivent réaliser 507 heures en dix mois pour être éligible à l'assurance-chômage (annexe 8) et que les artistes, jugés plus fragile et rattachés à l'annexe 10 ont 10,5 mois pour réaliser le même quota d’heures. Par ailleurs, ces annexes ouvrent droit à une période d'indemnisation de 243 jours, soit huit mois. Pour un je ne sais quel prétendu déficit de ces annexes Pierrot serait prêt à les supprimer ! C’est ignorer que les artistes, déjà précarisés, viendraient alors gonfler les chiffres du chômage et mettre à mal le régime général ! C’est ignorer l’importance des artistes et de leurs techniciens quand ils animent, à la demande des municipalités, des festivals ! Ces manifestations culturelles drainent dans leur sillage des activités multiples (restaurants, cafés, hôtels) assujetties à la TVA (45 % des recettes de l’Etat) et aux cotisations salariales comme patronales ! C’est enfin être frappé de grande cécité que de ne pas voir l’aspect primordial de la culture et de sa diversité ! Sans intermittents la chanson populaire, le petit théâtre de poche, le festival de poésie, les festivités musicales et bucoliques pourront se fleurir de chrysanthèmes. Non, l’artiste intermittent n’est pas le saltimbanque coûteux et profiteur que d’aucuns cherchent à stigmatiser ! Et la culture n’a rien à faire dans d’obscurs calculs comptables à la rhétorique analytique plus que douteuse ! A toi, Charles, à présent ! Chante mon grand et pense à ceux qui, comme toi à tes débuts, connaissent des trains de nuits, des minables cachets et de maigres repas !
(Refrain pessimiste) Vois choir les comédiens Choir les musiciens Choir les techniciens Qui s'escriment. Viens voir ces béotiens Qui vivent de rien Et qu'on brime !
Les comédiens ont réalisé très tôt
Qu’il faut trimer sur la rade
Pour engranger des euros
Les musiciens doivent activer leur tambour
Pour que de leur balustrade
Lancent piécettes les vautours.
Pour Pôle Emploi il faut prouver sans un revers 507 heures de bon travail à cœur ouvert
Pour s’assurer l’indemnisation polie De leurs vacances subies Les comédiens. (Refrain joyeux) Viens voir les comédiens Voir les musiciens Voir les magiciens Qui arrivent Viens voir les comédiens Voir les musiciens Voir les magiciens Qui arrivent Si vous voulez pérenniser les gradins Noirs de bravos hédonistes
Aménagez leur destin ! Si vous aimez les festivals audacieux
Les farfelus guitaristes
Et les concerts merveilleux
Poussez l’effort ô grands mécènes argentiers
Pour des étoiles qui ne demandent qu’à briller Que la culture ne sombre pas dans la nuit
Donner un peu de profit aux comédiens. (Refrain glorieux)
Rend gloire aux comédiens
Gloire aux musiciens
Gloire aux magiciens
Qui arrivent
Viens voir les comédiens
Voir les musiciens
Voir les magiciens
Qui s’expriment !
Les comédiens intermittents ont très tôt
Redouté toute estocade à leur statut sans linteau
Ils laisseraient au fond du cœur de chacun
Bien de sinistres aubades si des patrons assassins
Se décidaient à ne plus les subventionner En alléguant que le bouffon vit au crochet Du bon pays ! Alors régnerait l’ennui
Les télés anesthésiques, une ère de rien ! (Refrain final)
Viens voir les comédiens,
Les musiciens,
Et leurs techniciens qui arrivent
Viens voir les comédiens,
Les rabelaisiens
Les baudelairiens qui arrivent
Viens voir les comédiens,
Les faiseurs de bien
Les magiciens qui arrivent
Viens voir les shakespeariens
Voir les wagnériens qui arrivent
Viens voir les parnassiens Les plasticiens
Les galériens qui revivent...