Ce matin, c'est avec une citation de Enrique Cadícamo, extraite du célèbre tango Los Mareados, composé en 1942 par Juan Carlos Cobián, que Página/12 annonce la conclusion de l'accord : "Ce soir, tu vas passer dans mon passé", l'une des plus belles phrases que s'échangent les amants sur le point de se séparer.
¡Qué importa que se rían y nos llamen los mareados! Cada cual tiene sus penas y nosotros las tenemos... Esta noche beberemos porque ya no volveremos a vernos más...
Hoy vas a entrar en mi pasado en el pasado de mi vida Enrique Cadícamo
Qu'importe qu'on rie et qu'on nous appelle les naufragés (2) Chaque a ses chagrins et nous avons les nôtres... Cette nuit, nous boirons parce que plus jamais nous ne nous reverrons.
Ce soir (3), tu vas passer dans mon passé dans le passé de ma vie (traduction Denise Anne Clavilier)
Et pendant que je rédige cet article plusieurs heures avant de le publier, j'écoute en direct sur la place Saint-Pierre de Rome la fin de l'audience générale : pendant que le Pape salue les dignitaires de l'Eglise présents sur la place, les musiques militaires, italienne et vaticane, jouent pour faire patienter les pèlerins. En ce moment, surmontant le bruissement de cette foule en liesse (malgré un ciel plutôt menaçant), on reconnaît distinctement la mélodie de Por una cabeza (4)... Arrangement tout en cuivres et en percussion, qui nous prouve que les gendarmes adaptent leur répertoire à la personnalité du Souverain Pontife (qui ne s'est jamais caché d'aimer le tango).
Pour aller plus loin : lire l'article économique de Página/12 si les aventures pétrolifères vous passionnent. Si, aux hydrocarbures et à leurs querelles pécuniaires, vous préférez la musique, alors rendez-vous sur Todo Tango, pour lire et écouter Los Mareados (et en cherchant bien, vous trouverez aussi Por una cabeza dans cette vaste musicothèque qui fait référence pour le tango dans le monde entier).
(1) Il faut voir comment ABC, le quotidien de la droite post-franquiste espagnole, parle de Cristina de Kirchner. Propos vulgaires, violents, injurieux. On se croirait revenu deux cents ans en arrière pendant la guerre d'indépendance ! (2) En fait, être mareado, c'est avoir mal au cœur, avoir le mal de mer. Mais c'est intraduisible en l'état dans un tel contexte. (3) Textuellement hoy, c'est aujourd'hui, mais ce long mot de trois syllabes casserait le rythme du vers. (4) De Gardel et Le Pera