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They say that the world was built for two, ou comment je n'ai rien compris à Fauve

Publié le 26 février 2014 par Heard @duckdiving
They say that the world was built for two, ou comment je n'ai rien compris à FauveJ'aime le débat, les choses qui ne font pas l'unanimité, et en général j'aime donner mon avis, tranché ou non (en général tranchant) sur le sujet, même si c'est rarement sur ce blog (à l'exception peut-être de mon article d'il y a deux ans sur la fermeture de Megaupload). Et si il y a un groupe qui fait débat et ne laisse pas indifférent ces derniers temps, c'est bien Fauve.
Ma découverte du groupe remonte à environ un an. Comme beaucoup, la première écoute des Nuits Fauves a déclenché une grosse curiosité, je n'avais pas mordu à l'hameçon pour d'autres avant eux qui avaient joué la carte de l'indépendance : pas de presse, pas de label, mais là, leurs références rap et foot m'avaient eues au moins temporairement, parce que si la musique intrigue très vite, elle lasse rapidement aussi.
Au moment de la sortie de l'EP, je prévoyais un article que je n'ai jamais écrit opposant deux aspects développés sur sa vingtaine de minutes. D'une part le groupe était un peu aux adolescents ce que Marc Lévy est aux ménagères : un contenu pas éblouissant et chargé de poncifs mais auquel on ne reproche rien parce qu'il les fait se sentir mieux (et avec le trou de la sécu, tout ce qui réduit le nombre de consultations de psychologues et la consommation d'anti-dépresseurs est bon à prendre). D'autre part, l'album se conjuguait vraiment au pluriel, avec un franc encouragement aux auditeurs : Osez !
J'avais des éléments de compréhension, mais au fond, il m'en manquait énormément, et ça, je l'ai constaté juste avant la sortie de l'album : j'ai fêté mon anniversaire que je partage avec ma cousine, de six ans ma cadette. On s'entend à merveille, mais force est de constater que ce n'est pas grâce à nos goûts communs en matière de musique : elle a assisté au concert des Jonas Brothers et m'a offert un poster de Justin Bieber, auquel elle reste fidèle malgré ses frasques, tout comme à Miley Cyrus. Du coup quand elle m'a dit qu'il fallait que je retrouve un boulot à Paris, et par extension, un logement là-bas d'ici mai, la dernière réponse que j'attendais à mon "Pourquoi ?" était bien entendu "Pour m'héberger pour le concert de Fauve".D'un seul coup, ma sous-estimation complète de la portée du groupe éclatait au grand jour. Il faut bien avouer que j'avais déjà eu des surprises sur Facebook : ça ne me viendrait pas vraiment à l'esprit d'inviter mes différents amis fans du groupe à une même soirée.
En réalité, malgré une musique pas évidente d'accès et en décalage avec la pop aussi bien francophone qu'internationale, Fauve a une visibilité énorme qui leur permet de s'inscrire dans l'exception culturelle française mais avec une transversalité assez rare. Une chose est sûre : le fait que leur musique draine un public d'influences aussi diverses, tout en étant à ce point éloignée des conventions ne peut qu'annoncer du positif, et ce sans même parler d'apprécier les chansons.
Les chansons, parlons-en justement, il y a deux degrés d'écoute : au casque pour constater l'efficacité instrumentale, sans trop d'originalité mais avec des lignes de basse entêtantes. Ce premier degré est vraisemblablement assez peu privilégié face au second : l'écoute avec un système d'enceintes bien mais pas trop énorme, voir avec un portable, qui oblige à se concentrer sur le texte, et c'est là que ça se mitige, avec certains passages où l'on s'attend d'un moment à un autre à entendre le mot aware, tant ils font penser aux élucubrations de Jean-Claude Van Damme. Le côté "brut de décoffrage" du texte emprunté au fauvisme peut vite lasser, mais surtout, l'adhésion suppose d'accepter l'existence de certains concepts comme celui d'âme sœur, en filigrane sur une partie des morceaux. Il faut avoir choisi comme protection face à l'adversité, l'idéalisme qui ne censure pas mais incite à la passivité, plutôt que le cynisme qui pousse à ne compter que sur soi-même pour avancer. Car cet album exprime un idéalisme quasi-sectaire, et divise donc autant qu'il rassemble des gens que l'on n'imaginait pas rassembler.
Reste donc à voir ce que deviendra le groupe : parviendra-t-il à gérer un public aussi diversifié ? Et qu'est ce que deviendra ce public ? les portes s'ouvriront-t-elles pour ceux parmi eux qui créent, et oseront-ils les enfoncer ?

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