Partout on entend l’écho d’un chef d’œuvre, d’un film scotchant, la claque de l’année pour certains. Et devant tant d’engouement j’ai eu deux réactions (contradictoires, ou presque ;)) : Je veux le voir ! Je ne veux pas le voir ! Oui, je sais par moment vous vous dites que j’ai 3 ans et…c’est pas faux. Mais comme je suis une grande, il faut que je nuance. Après avoir vu la bande-annonce, j’avais extrêmement peur de me laisser embarquer par mes émotions et ma capacités à tellement me mettre à la place des personnages, que ce film risquait de me hanter pendant des jours et surtout des nuits. La voix de la raison (enfin plus précisément celle de ma moitié qui voulait vraiment le voir et qui est des fois embêté que notre carte DUO soit à mon nom) a fini de me convaincre. Sa voix et surtout ses bras rassurants. Le jour J, j’en étais encore à me raisonner et j’y suis tellement bien parvenu qu’aucune émotion ne m’a vraiment touchée pendant tout le film. Et c’est vraiment nul car la suite de ma critique va vous montrer combien il faut aller le voir. La prochaine fois, je m’autoriserai à être happée quitte à en chier les nuits d’après ! Na !
Sur le tournage…
D’un point de vue visuel et technique, ce film est un bijou. Il a demandé des années de travail à Alfonso Cuaron. Sandra Bullock n’était malheureusement pas là pour me donner plus envie. Comme quoi, il faut laisser sa (ses ?) chance à tous les acteurs. Quant à Georges Clooney, il fait le boulot de belle manière, égal à lui-même. Donc une splendeur, pas uniquement car on est dans l’espace et qu’on voit la Terre d’ailleurs. Ce serait trop simple. L’intégralité des scènes est pensée pour passer d’un point de vue large et ce vide étourdissant à l’étouffement de l’intérieur du casque. Je n’avais jamais vu l’intime et l’omniscience aussi bien maîtrisé au cinéma. Et c’est renforcé par l’alternance de silence qui n’a rien à voir avec un silence sur Terre, et la terreur des cris de Sandra Bullock que l’on sait vain et inaudible. Un déferlement de rage dans une ouate bétonnée. Quant à la BO, elle est envoutante et oppressante à souhait, chaque morceau étant le prolongement ou le prologue des bruits de fracas des catastrophes en chaîne. Et la 3D magnifie le tout.
On est saisi par le vide, saisi par le temps de ces pluies de débris qui reviennent à intervalles réguliers, marquées par le phénomène d’orbite. Et le silence, un très grand personnage dans ce film, qui laisse chaque protagoniste débité des monologues qui se voudraient intérieurs mais qui doivent être dit à voix haute pour ne pas lâcher prise.
Et les actions de s’enchaîner entre lente apesenteur et précipitations. Ces ruptures de rythme ne nous laissent aucun répit, si ce n’est essayer d’imaginer la tuile de plus qui va arriver après. J’ai entendu certains dire que cette succession de malchance était limite risible et desservait le film. Je ne l’ai pas ressenti de cette manière-là. J’y ai plutôt vu le phénomène de la chute d’un domino qui entraîne tous les autres. Seul petit bémol, la toute dernière scène où là j’ai rigolé pour la touche de too much. Et c’est un minuscule défaut. J’ai suivi sans en perdre une miette ce cheminement tant intérieur qu’extérieur d’une femme lutant pour sa survie. J’ai applaudi des deux mains une Sandra Bullock magnifique, bouleversante, à fleur de peau qui nous offre le rôle d’une femme détruite qui retrouve le chemin de la vie en pensant la perdre.
Gravity est pour moi le digne héritier avec des moyens techniques époustouflants du très bon Appolo 13 (1995) de Ron Howard. A voir à coup sûr !
Roseline
Gravity, de Alfonso Cuaron, avec Sandra Bullock et Georges Clooney. Sortie DVD/Blu-ray le 26 février 2014.