Face à la crise alimentaire, des systèmes alternatifs se mettent en place
Aujourd’hui, avec la reprise de la circulation des transporteurs depuis le Cameroun par escorte armée, le risque de rupture alimentaire totale et durable a diminué. Mais le plus important marché de grossistes alimentaires de Bangui (PK5) est en danger d’effondrement : son activité économique est en chute libre, les stocks en nette diminution, l’approvisionnement via le Tchad entièrement rompu et la fréquentation en baisse. Le nombre de grossistes et de vendeurs à PK5 a diminué de plus de 50% ; certains mentionnant jusqu’à 95% de départ chez les grands commerçants musulmans.
Des stratégies d’adaptation alternatives se mettent en place et les autres marchés s’ajustent à la crise. On peut ainsi citer le cas de l’approvisionnement en viande : les éleveurs ne fréquentant plus le marché de bétail de Bangui, ce sont aujourd’hui les bouchers qui quittent Bangui pour aller chercher la viande auprès des éleveurs cachés en brousse.
Ces systèmes sont fragiles. Leurs capacités à répondre à l’ensemble des besoins de la population banguissoise et du pays restent très insuffisantes et incertaines : ils ne réussiront sans doute pas à se substituer complètement au système traditionnel.
Si les stocks continuent de se vider sans nouvel arrivage et que les commerçants continuent de fuir, le risque de crise alimentaire et d’une nouvelle flambée des prix demeure une réalité.
Les prix et l’arrivage des produits alimentaires encore extrêmement instables
Avec la reprise de certains marchés, les prix à la consommation commencent à se stabiliser après avoir fortement augmentés en décembre. Mais les stocks continuent de se vider et les capacités de réapprovisionnement des marchés sont très limitées à l’heure actuelle.
La fuite d’agents économiques clefs du secteur agro-alimentaire est un choc majeur sur la chaîne d’approvisionnement traditionnelle qui impacte sévèrement la stabilité de la disponibilité de nourriture sur les marchés. A cela s’ajoute l’insécurité persistante sur les axes routiers depuis maintenant 2 mois, qui perturbe toujours l’acheminement physique des importations en provenance du Cameroun dont le flux est irrégulier, et du Tchad dont le flux est suspendu.
Cependant, les équipes de surveillance d’ACF observent que la rareté ou la rupture de produits alimentaires sur les marchés ne dure que peu de temps, à l’exception du cas de la viande de bœuf, soit une semaine en moyenne, le temps de l’arrivée d’un camion ou qu’un système d’approvisionnement alternatif se mette en place. « Les marchés et les prix de la capitale centrafricaine, se comportent aujourd’hui comme ceux d’une petite ville de province ou d’une ville sous un siège : les prix et la disponibilité fluctuent en fonction de l’arrivée de chaque camion de denrées. » explique Cécilia Blaustein, responsable des programmes de sécurité alimentaire d’ACF en République Centrafricaine.
Soutenir les commerçants et les familles
Tous les marchands évoquent le manque de clients. Le pouvoir d’achat des familles étant en chute libre, les vendeurs ont limité l’inflation des prix afin de conserver une clientèle et s’assurer une rentrée minimum de capital. En ces temps de crise, les familles, les plus pauvres en premier lieu, ont modifié leurs habitudes alimentaires pour s’orienter vers la consommation d’aliments «moins préférés» ou d’aliments issus de de la cueillette et de l’autoproduction, comme le manioc.
L’assistance alimentaire est indispensable devant la faible capacité d’approvisionnement des marchés, mais elle ne couvre pas tous les groupes de population car, dans un contexte d’urgence, elle se concentre sur certains sites de déplacés. Le reste de la population dépend des marchés, d’où la nécessité de les soutenir : il est impératif de mettre en œuvre des interventions de soutien et de relance des marchés pour éviter un effondrement total du système.
Pour en savoir plus, lire :
le bulletin de surveillance de février d’ACF : http://foodsecuritycluster.net/sites/default/files/ACF_Bulletin%20Surveillance%20F%C3%A9vrier2014.pdf
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