[anthologie permanente] Annie Salager

Par Florence Trocmé

Annie Salager publie La Mémoire et l’Archet tandis que paraît, également aux éditions La Rumeur libre, le premier tome de ses œuvres poétique.  
 
Trois questions 
 
N’affronte-t-on le monde où il se dérobe 
en combat obstiné entre rêves et faits, 
parmi les clignotements de l’illusion 
de l’inadaptation au monde, 
même si vivre y est confortable 
et le devenir toujours risqué ?  
 
Le langage en son dire désigne 
certain vide entre réel et représentation, 
il est l’ambivalence où s’exprime le conflit 
mais aujourd’hui face à ce qui le nie 
face à ce qui le globalise 
puisse la parole demeurer l’arme, 
puisse-t-elle rester mémoire 
au cycle de l’évolution, 
le progrès humain n’est-il pas souvent dû 
à ce qui échoue dans l’humain ?  
 
Que l’identité sans frontière devienne 
par la parole stratégie inventive enfin, 
et que partout surviennent ses mémoristes 
ses zapatistes, leur sagesse si elle existe
aux sentiers de l’invention de soi,  
entre les mots et les choses,  
n’est pas là un souhait fusible 
afin de rendre la route imprévisible 
 
 
 
La joie 
 
Aujourd’hui un ciel si bleu 
qu’il en est noir sans âge 
parfois vert tout vert, 
son aiguille me touche au cœur 
d’être chaleur du moi au monde 
figure de disparition 
à l’extrême de l’air, 
joie du temps 
abrégé d’univers 
concentré d’azur où il 
le temps monte 
se confondre 
par-dessus l’horloge du vivant, 
et l’œil venu de lui 
laisse une porte 
grande ouverte 
que rien ne franchit, 
où le ciel pour ta joie 
en bleu adorable fleurit 
 
Annie Salager, La Mémoire et l’Archet, La Rumeur libre, 2013, p. 36 et 60. 
 
Annie Salager dans Poezibao :  
bio-bibliographie, ext. 1