Annie Salager publie La Mémoire et l’Archet tandis que paraît, également aux éditions La Rumeur libre, le premier tome de ses œuvres poétique.
Trois questions
N’affronte-t-on le monde où il se dérobe
en combat obstiné entre rêves et faits,
parmi les clignotements de l’illusion
de l’inadaptation au monde,
même si vivre y est confortable
et le devenir toujours risqué ?
Le langage en son dire désigne
certain vide entre réel et représentation,
il est l’ambivalence où s’exprime le conflit
mais aujourd’hui face à ce qui le nie
face à ce qui le globalise
puisse la parole demeurer l’arme,
puisse-t-elle rester mémoire
au cycle de l’évolution,
le progrès humain n’est-il pas souvent dû
à ce qui échoue dans l’humain ?
Que l’identité sans frontière devienne
par la parole stratégie inventive enfin,
et que partout surviennent ses mémoristes
ses zapatistes, leur sagesse si elle existe,
aux sentiers de l’invention de soi,
entre les mots et les choses,
n’est pas là un souhait fusible
afin de rendre la route imprévisible ?
La joie
Aujourd’hui un ciel si bleu
qu’il en est noir sans âge
parfois vert tout vert,
son aiguille me touche au cœur
d’être chaleur du moi au monde
figure de disparition
à l’extrême de l’air,
joie du temps
abrégé d’univers
concentré d’azur où il
le temps monte
se confondre
par-dessus l’horloge du vivant,
et l’œil venu de lui
laisse une porte
grande ouverte
que rien ne franchit,
où le ciel pour ta joie
en bleu adorable fleurit
Annie Salager, La Mémoire et l’Archet, La Rumeur libre, 2013, p. 36 et 60.
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bio-bibliographie, ext. 1