En tous les cas c'est ce que dit ici le journal "Liberation" :
Une nouvelle marche organisée par des étudiants
vénézuéliens a faiblement mobilisé mardi, illustrant un certain
essoufflement du mouvement après trois semaines de protestations contre
la gestion du président Nicolas Maduro.
Comme à leur
habitude, c’est sur les réseaux sociaux que les chefs de file du
mouvement, lancé en province le 4 février, ont appelé leurs camarades à
manifester à partir de 10H00 locales (15H00 GMT) dans le quartier de
Mercedes, à l’est de la capitale.
La marche devait
s’achever devant l’ambassade de Cuba, pour protester contre les
ingérences supposées de ce pays étroitement lié au gouvernement du
successeur de Hugo Chavez (1999-2013).
Mais à la
mi-journée, seuls quelques dizaines de jeunes avaient répondu présent,
confirmant un affaiblissement de la mobilisation constaté ces derniers
jours, même si les montages de barricades et les heurts entre jeunes
gens masqués et forces de l’ordre se poursuivaient, avec un total de 14
morts, dont au moins huit par balles, et de 140 blessés depuis le début
du mouvement.
Soutenu par une partie de l’opposition, le
mouvement était initialement focalisé sur l’insécurité, critique dans
cet Etat pétrolier, avant d’étendre ses revendications aux thèmes de la
crise économique, des fréquentes pénuries de produits de première
nécessité et de la répression policière.
Les étudiants
protestataires réclament aussi la libération des personnes arrêtées en
marge des violences, dont l’opposant radical Leopoldo Lopez, écroué
depuis une semaine et accusé d’incitation à la violence.
Cette
grogne a mobilisé un maximum de 50.000 personnes samedi à l’appel de
l’opposant numéro un Henrique Capriles, alors que le pays compte
officiellement 2,6 millions d’étudiants.
Directement
visé, le président Nicolas Maduro, élu il y a 11 mois, a convoqué
mercredi un dialogue national sans exclusive pour tenter d’apaiser la
situation.
Les modalités de cette conférence «pour la
paix», à laquelle «tous les courants sociaux, politiques, corporatistes,
religieux» ont été invités, n’ont toutefois pas été détaillées par
l’héritier politique de Hugo Chavez.
M. Capriles, battu
d’un cheveu par M. Maduro lors de l’élection présidentielle d’avril
dernier, a déjà annoncé qu’il n’y participerait pas, se disant lassé des
«mensonges» du président et de la répression policière contre la
jeunesse. En décembre, M. Maduro avait déjà appelé les maires et
gouverneurs d’opposition à un dialogue sur le thème de l’insécurité
auquel il n’a jamais donné suite.
Mais le président affirmait lundi soir être convaincu que «de grands accords vont être conclus» lors de cette conférence.
- Inquiétude de Washington -
Lundi
soir, le porte-parole de la maison Blanche Jay Carney a fait part de
«l’inquiétude» de Washington face à la situation au Venezuela, et a
appelé M. Maduro à un «authentique dialogue».
En réponse,
M. Maduro a annoncé l’envoi rapide d’un ambassadeur aux Etats-Unis,
alors que les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis
2010, mais seulement des chargés d’affaires.
Le président
vénézuélien a indiqué lundi soir que cet ambassadeur serait chargé de
dire «la vérité sur le Venezuela, parce qu’ils croient vraiment que nous
sommes en train de nous entretuer».
Illustrant les
relations diplomatiques particulièrement tendues entre les deux pays,
les Etats-Unis ont expulsé mardi trois diplomates vénézuéliens, en
représailles au renvoi la semaine dernière par Caracas de trois agents
consulaires américains accusés d’avoir apporté leur soutien aux
manifestants antigouvernementaux.
A Caracas, l’armée est
intervenue dans la nuit de lundi à mardi pour dégager les rues bloquées
par des barricades. Une cinquantaine de manifestants qui bloquaient la
circulation dans un quartier ont été dispersés à coups de gaz
lacrymogènes.
Mais dans la matinée de mardi, la vie y
avait globalement repris son cours normal. Les commerces et
administrations étaient ouverts, et seuls quelques rues demeuraient
obstruées par les débris et poubelles posés par des grappes de jeunes
masqués.
La responsable du ministère public Luisa Ortega a
indiqué lundi que la justice entendait faire la lumière sur tous les
cas présumés de violations des droits de l’homme dénoncés depuis trois
semaines, évoquant par ailleurs l’arrestation récente de neuf policiers
et militaires auteurs présumés d’abus.