Le premier volet, paru il y a cinq ans et primé au festival d’Angoulême, était un véritable chef-d’œuvre. L’auteur y narrait l’histoire de la création de la Terre et de ceux qui la peuplent, tout en proposant un condensé des connaissances actuelles dans tous les domaines du savoir (géologie, biologie, astrophysique, anthropologie, …). Parmi les différentes théories existantes, il faisait des choix et traçait avec brio le chemin de l’univers et de l’humanité.
Si Alpha partait du Big Bang initial pour aller jusqu’à l’apparition des différentes formes de vie, en passant la formation des galaxies, des étoiles, du soleil et des planètes, Beta suit le voyage de l’homme. Alors que le volume précédent résumait quatorze milliards d’années en plus ou moins 2000 vignettes (une image par sept millions d’années), la richesse de cette nouvelle période oblige l’auteur à ralentir le rythme à plus ou moins une image tous les deux mille ans et même à scinder cette seconde période en deux tomes. Cette première partie, qui raconte les premiers pas de l’homme, s’arrête donc à la naissance du Christ. La suite, prévue pour 2020 au plus tard, se concentrera sur l’histoire des deux derniers millénaires.
Au fil des pages de ce tome qui voit l’homme descendre de son arbre pour partir à la conquête de nouveaux territoires, le lecteur assiste à l’avènement de l’homme et à la création de différentes civilisations. De la maîtrise du feu à l’invention de la roue, en passant par l’apparition du langage, de l’écriture et de l’art, Jens Harder s’attarde sur les faits les plus marquants de l’évolution humaine. La technique narrative, consistant à proposer un kaléidoscope d’images empruntées aux sources les plus diverses (films, peintures, gravures, bandes dessinées, photographies, culture populaire, etc), voyage beaucoup plus dans le temps que lors du premier volume. Ce jeu des références qui consiste à faire des bonds dans le temps afin de montrer le potentiel de certaines inventions, tout en soulignant les dérives de l’humanité (par exemple de la maîtrise du feu à la bombe atomique), finit cependant par être trop répétitif, devient même un peu lassant à la longue et nuit finalement à la linéarité du récit. Ces ricochets visuels qui consistent à associer des images plus contemporaines aux événements décrits sont certes d’une richesse incroyable, mais deviennent pénible à la longue et font perdre le fil rouge du récit.
Cette juxtaposition d’images est à nouveau accompagnée d’une voix-off particulièrement discrète et d’une mise en couleur bichromique différente par chapitre, qui contribue à séparer les différentes périodes clés de l’histoire de l’humanité. Je suis cependant plus dubitatif vis-à-vis de l’utilisation des teintes métalliques et je regrette que la fin des phrases (qui se terminent dans la reliure) ne soit pas toujours lisible en début d’ouvrage.
Lisez "Alpha… directions" !
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