L’appel des chefs

Publié le 13 mai 2008 par Jfa

On le sait, hormis les risques ponctuels liés à telle ou telle variété d’OGM, à la main-mise des requins semenciers sur l’agriculture mondiale, et, à plus long terme, aux accoutumances des parasites, le principal risque de la banalisation des OGM est la dispersion, la contamination et donc, à terme, une réduction drastique de la biodiversité, condition essentielle du maintien de la vie depuis la nuit des temps, permettant les adaptations aux changements environnementaux.

L’appel des cuisiniers et vignerons dans Le Monde me fait particulièrement plaisir: “Accepter les OGM, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes assis et condamner, à terme, ces petits producteurs qui nous offrent chaque jour diversité et qualité dans le respect de la terre. La coexistence entre cultures OGM et non OGM est une illusion. Plus les premières se développeront, plus les risques de contamination des secondes se multiplieront. Aucune loi ne peut réglementer le sens des vents ou le vol des abeilles, principaux vecteurs de la dissémination”.

Ils rajoutent: “La France est le pays qui a inventé les appellations d’origine contrôlées (AOC), nous ne voulons pas qu’il devienne celui des appellations d’origine contaminée. C’est pourquoi, mesdames et messieurs les députés, nous vous demandons de maintenir l’amendement 252 selon lequel les OGM “ne peuvent être cultivés, commercialisés ou utilisés que dans le respect de l’environnement et de la santé publique, des structures agricoles, des écosystèmes locaux et des filières commerciales qualifiées sans organisme génétiquement modifié”. C’est aussi l’avenir de notre cuisine et de notre vignoble qui est en jeu”.

Dès aujourd’hui, la différence de goût et saveurs entre les fruits et légumes frais semi-industriels des grandes surfaces, provenant le plus souvent du Kenya ou du Maroc (et donc privilégiant, au détriment du goût, des variétés pouvant supporter de longs voyages et de longs séjours en réfrigération) et ceux des petits producteurs des environs de Nice tels qu’on peut les trouver (en cherchant un peu) au marché de la Libération, et ce hors OGM, nous donne une minusculissime idée de ce qui nous attend si le projet Ump passe en l’état à l’Assemblée Nationale, sous la pression des lobbies industriels et financiers et de leurs élus appointés.

La contamination serait inéluctable et la diversité de nos produits disponibles irrémédiablement condamnée ce qui, indépendamment des risques sanitaires potentiels (car l’inocuité des OGM n’est pas démontrée à long terme), du danger pour la biodiversité, constituerait une atteinte insupportable aux plaisirs de ma table, une des derniere fantaisies, en ces temps de réduction du pouvoir d’achat, que je puisse m’offrir.