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Lettre ouverte à l’État

Publié le 26 février 2014 par Copeau @Contrepoints

Par Jean-Luc Ginder.

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État réveille-toi ! Le diagnostic économique de la France est posé depuis longtemps. Maintenant c’est à toi, État français de passer à l’action.

Nous savons que l’attractivité de la France s’est dégradée au cours de ces dernières années : la France est un pays où l’activité industrielle n’est pas rentable. Et pour causes. Oui, France, tu te vantes depuis 15 ans d’être la seconde destination en Europe après l’Angleterre pour les flux d’investissements étrangers. Cela n’est pas exact et tu le sais. Les chiffres nous indiquent qu’il est ici question de rachats d’entreprises françaises, de flux de distribution, ou de mouvements de trésorerie entre les multinationales et leur filiales. Ce qui relève réellement de la création nette de richesse, c’est-à-dire d’établissement productif en France est très faible.

On constate aujourd’hui que l’effondrement des taux de marge en France, effondrement qui n’a pas de précédent par son ampleur, a eu des effets dévastateurs sur l’investissement, notamment sur l’investissement productif. État français, voici les trois grands points essentiels sur lesquels il te faut agir vite et avec diligence si tu veux vraiment revitaliser ton économie nationale et la compétitivité de ton pays. Car convenons-en ensemble, les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et c’est la raison pour laquelle il te faut soutenir avec la plus grande détermination les entreprises françaises.

Le premier domaine où il faut agir est le domaine de l’investissement. Investit-on en France en machines ou en robots ? La réponse est négative. Les chiffres nous révèlent que le niveau d’investissement en France sur les 10 dernières années est équivalent à celui de l’Allemagne. Mais dans le détail, on s’aperçoit que les entrepreneurs français investissent essentiellement dans les bâtiments, dans l’immobilier mais n’investissent que faiblement en équipement. L’investissement en France est mal orienté. À toi, État, de mettre en place des mesures de réorientation.

Deuxièmement, la situation de la production française est grave. Une spécificité française est la taxation des cycles productifs. Cette forme de prélèvement de l’impôt impacte l’entreprise avant que cette dernière n’aie réalisé son premier bénéfice. J’ai constitué une liste incroyable : 32 milliards d’euros d’impôts sont prélevés avant même que le premier euro ne retourne dans les caisses de l’entreprise. Cette ponction fiscale sur la production représente 2/3 de ce que rapporte l’impôt sur les sociétés. La compétitivité est à l’ordre du jour : il faut revisiter cette anomalie « made in France ». État, tu n’as pris aucune mesure pour corriger et pourtant c’est sur ce point qu’il faut intervenir pour attirer de nouveaux investisseurs étrangers et orienter nos jeunes vers l’entrepreneuriat. Toi État, tu peux, tu dois intervenir et redéfinir la charge fiscale essentiellement sur les bénéfices et non sur les éléments productifs qui assèchent et fragilisent les trésoreries actives de l’entrepreneur.

Le troisième point concerne les coûts salariaux. Ce qui est en cause ce n’est pas le salaire c’est le fait qu’une série de choses auxquelles nous tenons fondamentalement dans notre modèle repose sur le travail. Dans un même temps, nous sommes dans un univers de compétition fiscale. Beaucoup de pays ont misé sur des réformes qui basculent une partie de la fiscalité qui pesait sur le travail sur l’impôt. Ces mesures permettent aux entreprises d’être en situation de compétitivité. Là encore sur ce terrain, toi État tu ne prends pas la mesure du danger et tu laisses s’installer un niveau de coût de travail surtaxé qui fragilise encore les entreprises, qui nourrit le chômage et brise la productivité française, ton « made in France » si recherché.

Ton nouveau pacte développe ces points superficiellement, il est nécessaire de donner une forme concrète, il est impératif d’agir vite.

L’économiste que je suis ne peut plus à ce stade que te lancer un cri de détresse. État, réveille-toi ! Regarde le quotidien de tes Français. Il est dur. Dur à en pleurer.


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