Le fossé de productivité entre public et privé pourrait s'amenuiser avec la pénétration des usages mobiles dans l'administration.
L'opposition classique entre un secteur privé conduit par la possibilité d'un profit et un secteur public relativement moins réactif est en train de s'estomper. Avec le développement des usages mobiles, des techniques de travail innovantes à la familiarisation avec les outils technologiques, l'écart de productivité entre public et privé pourrait en effet se réduire fortement sur les années à venir. C'est du moins ce qu'avance une récente étude publiée par le cabinet Deloitte sur le secteur public nomade. Dans un contexte de privatisation des techniques de travail du public, avec l'apparition du terme d'efficience et la nécessaire réduction des dépenses publiques, les analystes de Deloitte mettent en lumière l'évolution encourageante des techniques de travail numériques dans le secteur public. Loin de seulement copier les processus de travail du secteur privé, l'utilisation proprement publique de certains outils pourrait de fait permettre de replacer le citoyen au coeur du dispositif.
Mobilité et simplification des process
La différence de productivité observée depuis les années 1980 entre les administrations nationales et le secteur privé, différence qui s'élève environ à 17% aujourd'hui, fait montre d'une disparité dans l'intégration des outils. Si ceux-ci sont à peu de choses près similaires, c'est dans l'intégration structurelle que se dégage l'approche du secteur privé. De par une structure rigide, voire sur certains points qui confine à l'immuable, le secteur public n'a pas su prendre en marché le tournant de la mobilité. Le rapport proposé par Deloitte met ainsi en avant l'exemple du télétravail. En permettant un meilleur équilibre entre entre vie privée et travail pour l'agent, mais aussi gain de temps et de flexibilité dans le rapport aux tâches, le cabinet estime que celui-ci peut offrir un gain de productivité moyen de 22% pour les administrations publiques.Cependant la spécificité de l'apport des technologies mobiles au secteur public tient surtout, d'une façon plus large que l'individualisation du client dans le secteur privé, aux interactions avec les citoyens.
Citoyen central
A l'image de l'initiative Flu-Ville, application ayant remporté le concours organisé par le CDC américain, le format mobile permet d'offrir un service au public plus dynamique, plus souple, et surtout plus lisible pour les administrés. En un an de fonctionnement, les services de e-gouvernement mis en place en Allemagne ont ainsi vu leur taux d'utilisation passer de 5% à près de 45% en 2013. Comme l'indique Joël Elkaim, Associé Conseil responsable du secteur public chez Deloitte, la question qui se pose aujourd'hui n'est plus tant celle de l'adhésion des citoyens aux techniques numériques mais bien de la volonté d'offrir des politiques publiques numérisées cohérentes de la part des administrations. Celui-ci conclut ainsi qu'« Afin de permettre à la technologie mobile d’avoir un fort impact en matière de productivité, les gouvernements devront changer la façon de penser l’administration pour davantage impliquer les citoyens »