Rencontre avec Laetitia Guédon, directrice artistique du "Festival au féminin"

Publié le 25 février 2014 par Mes Illusions Comiques @audreynatalizi

Un flot de paroles ininterrompu, des yeux qui brillent et un immense sourire : tout en Laëtitia Guédon trahit sa passion et son exaltation lorsqu'elle parle de théâtre. A trente ans à peine, la jeune metteuse en scène est à la tête du Festival au féminin dont la prochaine édition se tiendra du 1er au 8 mars 2014, à Paris et en banlieue. 

 

Formée au Studio d'Asnières puis au CNSAD (section mise en scène), Laëtitia Guédon a pris les rênes de ce festival en 2009, succédant à Khalid Tamer, pris par d'autres projets. Cette année, le Festival au féminin innove et traverse le périph' avec des représentations à Aubervilliers. Une façon pour Laëtitia Guédon de poursuivre le travail qu'elle accomplit dans cette ville depuis des années, au sein des lycées Le Corbusier et Henri Wallon notamment, où elle anime des ateliers avec les élèves.

La place de la culture dans les banlieues et les quartiers les plus défavorisés est un sujet qui lui tient à coeur. Mais la jeune femme ne fait pas d'angélisme : "ce qui marche, c'est d'aller directement taper aux portes des gens. On ne peut pas se contenter d'attendre qu'ils viennent dans les théâtres." C'est dans cet esprit là que sera créé, dans le cadre du festival, le spectacle Banane (cf le programme du festival ci-desous). Le point de départ de ce projet : l'insulte qui a frappé Christiane Taubira, ministre de la justice. "J'ai questionné les jeunes d'Aubervilliers sur cette thématique. Pour eux, une banane c'était plutôt synonyme de sourire avant cette histoire ... L'idée était de leur proposer de parler des clichés. Ce sont eux qui ont décidé d'avoir recours au slam." Après des séances d'écritures avec la slameur Dgiz et une répétition ouverte à tous à Aubervilliers, l'idée est de pousser ces jeunes à franchir la frontière que constitue le périphérique pour venir voir le spectacle à Paris. Avec, dans l'esprit de la directrice artistique un autre enseignement à transmettre : "face à cette adversité, ces insultes racistes ou les attaques lors de la loi sur la mariage pour tous, Christiane Taubira a toujours répondu en citant les poètes." Que les jeunes deviennent à leur tour des poètes : voilà ce qu'espère Laëtitia Guédon. 

Et lorsqu'elle emploie les mots de résistance - pour protester contre le recul de la culture en cette période de crise - et de bienveillance - pour évoquer son rapport avec les jeunes des cités -  on redécouvre un peu la beauté de ces deux mots. L'enthousiasme et l'énergie de Laetitia Guédon sont contagieux. Parallèlement à son travail autour du festival, elle poursuit sa carrière de metteuse en scène et prépare actuellement une version des Troyennes d'Euripide, pièce dans laquelle elle dit ne voir que de la "vitalité" ! La pièce sera présentée à l'automne au Théâtre 13 côté Seine : cela va être dur de patienter jusque là.

Festival au Féminin : le programme

Pour sa 11e édition, le Festival au féminin (du 1er au 8 mars), proposera  du slam, du théâtre, des projections de documentaires, des lectures et de la danse, au centre Barbara Fleury, au Lavoir moderne (18e) ou encore au cinéma Le Louxor (10e) et à l'espace Renaudie à Aubervilliers. 

Côté théâtre, citons seulement quelques unes des pièces proposées: 
RITSOS SONG d’après Yannis Ritsos, mise en scène de Kevin Keiss (samedi 1er mars à 20h30 au Lavoir Moderne)
ÇA création collective , mise en scène d'Esther Van Den Driessche (dimanche 2 mars à 20h30 au Lavoir Moderne) 
JARDINAGE HUMAIN  de Rodrigo Garcia, mise en scène de Patrick Piard (lundi 3 mars à 19h au Théâtre de Verre)

Retrouvez le programme détaillé et tous les renseignements pratiques en cliquant ici : Festival au Féminin 2014.pdf