Le 21 février, au mont Valérien, le président de la République a annoncé le transfert au Panthéon des cendres de quatre résistants, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay. J’espère que, lors des cérémonies de leur entrée au Panthéon, les médias leur accorderont un temps largement supérieur à celui qu’ils consacrent généreusement à la moindre œuvre cinématographique en mal de publicité. On pourra ainsi mesurer que leur sacrifice ou leurs souffrances ne constituent pas l’unique raison de leur accession à ce temple laïque. Mais, dès à présent, je tiens à formuler quelques remarques.
Si le Panthéon accueille plusieurs héros, il abrite aussi des savants, des écrivains, des hommes politiques, des militaires, des religieux. On n’y entre que mort, mais il n’est pas nécessaire d’avoir été une victime. Le choix de la présente promotion semble avoir été dicté par le souci d’obtenir l’assentiment de tous les Français, par-delà les clivages politiques. Le soixante-dixième anniversaire du début de la Libération n’est non plus pas étranger au choix de ces résistants. S’il est inconcevable de contester le bien-fondé de cette décision, on peut cependant remarquer qu’il aura fallu attendre soixante-dix ans pour honorer deux d’entre eux.
Le souvenir de ces résistants, qui ont risqué et même, pour certains, donné leur vie pour leur pays, fait apparaître dérisoires et lamentables ces pigeons, et autres entrepreneurs geignards, qui viennent se plaindre de la férocité du fisc. Bien sûr, je ne vise pas ainsi ceux qui se battent pour faire vivre l’entreprise qu’ils ont créée mais plutôt ceux qui, héritiers ou salariés, pratiquent ce qu’ils appellent l’optimisation fiscale. J’ai vu l’autre soir à la télévision un reportage sur les résidences d’ultra-luxe. Quand on y interrogeait l’agent immobilier chargé de trouver un acquéreur sur la raison pour laquelle le propriétaire mettait son bien en vente, celui-là répondait immanquablement : « il s’exile pour des raisons fiscales ». Honte à ces vautours qui quittent le pays qui les a nourris et où ils ont construit leur fortune, pour éviter de s’acquitter d’un ISF inférieur à 2% de leur patrimoine. Le luxe de leur résidence démontre de manière éclatante qu’ils n’ont guère le souci du lendemain. Seul l’égoïsme les guide, toujours plus, même si c’est pour posséder sans même en jouir.Et c’est pour de tels individus que d’autres ont fait le sacrifice de leur vie !
Ma dernière remarque naît de la comparaison entre la prestation de François Hollande ce 21 février et celle de triste mémoire de Nicolas Sarkozy au plateau des Glières en 2008. Voilà au moins un point qui nous empêche de regretter notre choix de mai 2012. Quant à la manie du président battu de nous envoyer des cartes postales, qu’attend-t-il donc pour nous offrir, sur une chaîne nationale, cette vidéo où éclatent sa suffisance, son indécence et son mépris des martyrs ?