Philippe Druillet, pour ceux qui n'en auraient jamais entendu parler, c' est le maitre rénovateur de la bédé de science-fiction d’après 1968 , « Les 6 voyages de LoneSloane » sa première publication est un livre monument qui reste dans le cœur de tout amateur de S.F. Dessinateur ,peintre ,sculpteur, plasticien, décorateur il est reconnu mondialement par les plus grands, Georges Lucas le prend au téléphone, il tutoyait Ray Bradbury et depuis quarante ans les illustrateurs japonais pillent allègrement son univers. Mais alors pourquoi un artiste de cette importance est-il à ce point si méconnu du grand public ?
Plongeons nous dans sa vie avec « Délirium » écrit avec l’aide de David Alliot. Une biographie c’est toujours, en creux, le film d’une époque, d’un climat social et culturel du pays dans lequel l’artiste évolue et là nous somme servis .L’histoire commence à Sigmaringen, les parents du petit Philippe sont des fascistes convaincus, condamnés à mort par contumace, qui fuient la France libérée.
Cette marque de naissance honteuse le poursuivra toute sa vie. Son père mort, alors qu’il n’a que sept ans, sa mère et sa grand-mère rentre en France, il devient le fils de la concierge dans les beaux quartiers de la capitale.
Apprenti photographe, apprenti dessinateur, de rencontres en rencontres Druillet se construit. Goscinny lui donne sa chance au journal Pilote mais il est écrit que Druillet doit bruler sa vie, et il la brule par les deux bouts, ce sera une bohème hurlante .Nous croiserons, Ariane Mnouchkine, Moebius, Jacques Attali (???)Le journal Pilote au complet, Métal Hurlant, bien sûr, et toute la vie de la bédé underground de la fin du siècle dernier.
On peut regretter le style Caterpillar de l’écriture, mais David Alliot s’explique : « j’ai écrit comme Druillet parle, il est entier et volcanique et ses mémoires ne pouvait pas ressembler à du Saint- Simon ». Vous connaissez Druillet vous apprendrez une foule de choses sur le bonhomme, vous ne connaissez pas Druillet : pauvre de vous !