Critique Ciné : Tarzan, déforestation d'un mythe

Tarzan // De Reinhard Klooss. Avec la voix VO de Kellan Lutz et Jaime Ray Newman.

Avant de voir l’an prochain l’adaptation de l’histoire de Tarzan par David Yates (Harry Potter) avec Alexander Skarsgard (True Blood) dans le rôle titre, le créateur des aventures de Impy le dinosaure, Reinhard Klooss, s’est lui aussi adonné à une adaptation mais en film d’animation. Après avoir vu ce film, je dois avouer que je suis septique quant à son utilité. Aussi bien pour les admirateurs de l’original que pour les enfants. Passer 15 ans après l’excellente fable de Disney ce n’était pas facile de toute façon mais le problème de cette adaptation c’est que tout est édulcoré au maximum (des dialogues aux scènes où des personnages sont tués - notamment le crocodile qui se fait hors champ ou encore l’absence de sang -). Je pense que le problème de cette histoire est le message écolo (la déforestation, etc.) qui s’éloigne grandement de cette magnifique aventure d’un garçon élevé par des singes. L’histoire de Tarzan est suffisant riche pour faire de très bons films mais cette adaptation est sans conteste la plus décevante de toute. Même visuellement je n’ai pas vraiment pris plaisir malgré le fait que certains décors soient particulièrement beaux.
Au cœur d’une des régions les plus reculées d’Afrique, John Greystoke, ambitieux président de Greystoke Energies, a découvert une étrange météorite qui semble être la source d’une énergie colossale. En essayant de prélever un échantillon, il provoque un cataclysme auquel seul son tout jeune fils, Tarzan, survivra, perdu au milieu de la jungle.
Recueilli par Kala, une femelle gorille, Tarzan est devenu un jeune homme fort et agile. Pour la première fois depuis la mort de ses parents, il rencontre des humains, notamment Jane Porter, une jolie jeune fille qui accompagne son père, anthropologue, lors de son exploration. Lorsque Jane et son père repartent, c’est un déchirement pour Tarzan. Écartelé entre la part d’homme qui se réveille en lui et sa famille de la jungle, il choisit de vivre seul.
Je pense que ce qu’il manque à Tarzan c’est du coeur. Ce film ne parvient pas à nous faire ressentir d’émotions alors que c’était le propre même de cette histoire. La rencontre entre Tarzan et Jane est même tellement ratée que du coup on ne parvient pas à s’attacher au petit couple qui est sensé se former à la fin. Avec un scénario particulièrement lisse et trop gentil (pourtant il parle des grosses entreprises d’énergies qui pillent les terres d’Afrique), cette production allemande tombe dans les poncifs d’un genre qui aurait peut-être mérité quelque chose de plus original. D’un point de vue de l’animation, ce n’est pas très réussi non plus. J’ai eu l’impression de voir un film d’animation fait sous Windows XP. C’est dommage car nous sommes en 2014 et les techniques d’animation sont sensées s’être améliorées depuis le Disney. Mais le Disney est beaucoup plus beau que ce truc. C’est donc assez incompréhensible. L’autre partie décevante c’est cette quête du grand méchant pour sa météorite. Durant tout le film on nous fait tout un fromage de cette histoire mais elle ne sert finalement à rien du tout.
En effet, cela devient accessoire et anecdotique, tout simplement pour monter dans la seconde partie du film la relation entre Jane et Tarzan. Si le mythe est grand, ce film est particulièrement petit et ne lui rend pas du tout hommage. Au contraire, j’ai eu l’impression de voir un film dénaturant complètement le mythe du personnage. C’est là que l’on peut se dire que Disney peut dormir sur ses deux oreilles, son film d’animation particulièrement réussi de 1999 restera encore dans les mémoires pendant un bon bout de temps. Surtout que l’histoire est écrite de façon particulièrement lourdingue avec des dialogues assez crétins. Même un enfant de 6 ans (puisque le film est conseillé à partir de 6 ans) trouvera ce film complètement raté. Ce n’est pas possible qu’il passe un bon moment devant ça. Je conseille aux parents d’emmener leurs enfants voir les LEGO ou bien dans une moindre mesure M. Peabody et Sherman, ils auront moins de chance d’être déçus.
Note : 1/10. En bref, c’est ridicule, pas très beau et mal fichu. Dommage.