THE VISITORS
Drama // 42 minutes
Pilote "X Marks The Spot" écrit par Soo Hugh (Under The Dome, Zero Hour). Adapté de la nouvelle de Ray Bradbury Zero Hour. Produit par Steven Spielberg, Justin Falvey & Darryl Frank (Under The Dome, Falling Skies, The River, Terra Nova). Réalisé par Mark Romanek (Never Let Me Go, Photo Obsession). Pour ABC, ABC Studios, Amblin Television & Grady Girl Productions. 60 pages.
Alors qu'un vaisseau spatial a été retrouvé au beau milieu du désert du Sahara, à des milliers de kilomètres de là, dans les environs de Washington D.C., plusieurs enfants semblent comme possédés par une force invisible qui les pousse à commettre des actes meurtriers sur leur entourage. Deux agents du FBI sont alors chargés de mener l'enquête, ignorant que la course contre une invasion extra-terrestre vient de commencer...
Avec Lily Rabe (American Horror Story), Milo Ventimiglia (Heroes, Gilmore Girls, Choosen), Barry Sloane (Revenge, Hollyoaks), Derek Webster (Damages, Harry's Law), Catalina Denis (The Assets), Kyle Harrison Breitkopf...
Il fut un temps où, en manque de X-Files, je surveillais de près tous les projets qui avaient pour toile de fond une invasion extraterrestre ou une grande conspiration. Nombre d'entre eux n'ont pas vu le jour. Mais certains ont réussi à se frayer un chemin jusqu'à l'antenne. Il en est ressorti des choses intéressantes mais pas transcendantes, je pense essentiellement à Surface, Threshold et, dans une moindre mesure, Invasion. Toutes les trois la même année. Celle qui a suivi l'arrivée tonitruante de Lost sur les écrans. Toutes les chaînes voulaient leur série mystérieuse. Et ABC cherchait une compagne cohérente pour son hit. Aucune n'a marché. Puis on a eu toute cette vague de séries high-concept à la FlashForward, The Nine, Day Break... qui n'avaient pas de rapport avec les aliens mais en lesquelles on fondait beaucoup d'espoir et qui nous ont systématiquement déçus, hormis la bonne surprise -éphémère- que fut Prison Break. On pourrait également parler de Heroes. Mais par pitié, ne le faisons pas. Je ne me suis pas encore remis de l'information de son retour en 2015. Le revival cauchemardesque de V est une des pires choses qui soient arrivées à la télévision. J'en pleure encore parfois la nuit, dans le noir. La seule qui a su se distinguer et remettre sur le devant de la scène les aliens avec fraîcheur et modernité, c'est The Event. Prometteuse, elle s'est vite transformée elle aussi en déception mais il y avait de l'idée, de l'ambition... Plus récemment, Falling Skies a fait ce qu'elle a pu. Elle est toujours en vie. Il faut croire qu'elle ne s'est pas si mal débrouillée que ça. Voilà maintenant The Visitors. Malgré le titre, rassurez-vous, elle n'a pas grand chose à voir avec V. Dans ce pilote en tout cas, il n'y a pas de reptiles mangeurs de rats. Mais pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent non plus !
Je ne le sentais pas ce projet. Vraiment pas. Et à défaut de m'avoir convaincu, il a au moins réussi à me tenir en haleine le temps de la lecture. Il faut dire que le scénariste a bien découpé ses scènes, usé et abusé de l'"overlaping", c'est à dire des séquences qui se chevauchent, évitant les temps morts. Un peu à la manière de The Following pour prendre un exemple récent. Mais, pour faire une comparaison culinaire -comme ça, parce que j'en ai envie- The Visitors c'est une table bien dressée, une jolie présentation des mets, c'est appétissant, mais quand on commence à goûter, nos papilles ne s'animent pas. Les ingrédients utilisés ne sont pas frais, ils manquent de saveur, de piquant. Je soupçonne les serveurs d'être en plus hyper maladroits. Milo Ventimiglia, à la limite, on a envie de le pardonner. Mais Barry Sloane ? Derek Webster ? Ils ont le charisme d'une huître. Et perso, j'aime pas les huîtres. Je vais arrêter les métaphores, elles sont franchement ridicules mais il fallait bien se mettre au niveau. Pas que je trouve ce script totalement mauvais au fond. Il est juste d'une grande paresse et l'excitation ne monte jamais vraiment. Si, peut-être au moment où l'on découvre le vaisseau spatial. Mais si ABC fait encore appel aux équipes de V et de Once Upon A Time pour les effets-spéciaux, on est dans la mouise. Rien que d'y penser, ça a cassé le peu d'enthousiasme que j'avais. A bien y regarder, il ne se passe pas grand chose dans ce pilote. La mise en place est efficace mais désespérement vide. Les enjeux ne sont que vaguement définis. La dernière scène nous annonce que le 2 décembre, le Président des Etats-Unis ne sera plus des nôtres. Problème : on ne l'a pas rencontré avant celle-ci. Alors certes, c'est le "Leader of the free world", mais on s'en fiche un peu de lui. De lui et de tous les autres en fait.
S'il y a bien une chose que rate ce premier épisode -parmi plusieurs possibilités hein- c'est la présentation de ses personnages. Ils sont tous d'un basique à pleurer. Le duo d'agents du FBI est insignifiant. Evidemment, ils ne s'entendent pas et ne sont d'accord sur rien. La belle affaire ! Ils ne dégagent aucune émotion. Pourtant, l'héroïne avait de quoi faire. Elle a un enfant sourd et muet, un mari décédé dans un accident d'avion il y a trois mois et des collègues qui la regardent tous avec pitié. Lily Rabe est excellente, mais elle n'y a rien à faire d'intéressant avec une base si pauvre. Le personnage de Barry Sloane passe son temps quant à lui à s'exclamer. Lui non plus n'a pas de personnalité. Il n'existe pas. Il sert juste à introduire les mystères, face à un fond vert. Et puis il y a tous ces personnages d'enfants. Pitié. Déjà qu'un seul gamin creepy en général c'est lourd et ridicule, mais il y en a au moins 4 ici ! La séquence inaugurale, si elle est bien réalisée, peut éventuellement faire son petit effet -elle sonne très film d'horreur- mais les autres ne sont que des redites moins inspirées. Reste le personnage de Milo Ventimiglia, le seul qui a un peu de potentiel mais essentiellement parce que l'on ne sait pas qui il est vraiment, ou plutôt ce qu'il est devenu. Et lui non plus. Il n'a pas de mémoire. Il ne connaît pas son nom. On soupçonne assez rapidement sa véritable identité. Pas de surprise, il est bien celui que l'on pense. Et maintenant. On fait quoi de tout ça ? Bah sûrement pas grand chose...
The Visitors est un énième thriller fantastique produit par Spielberg qui n'a pas d'âme, ni d'originalité, et certainement pas d'avenir. On se laisse prendre au jeu sur le moment, parce que c'est rythmé, bien agencé, mystérieux, puis plus on avance plus on sent le coup foireux arriver. Cette histoire n'a pas le potentiel suffisant, l'envergure nécessaire, pour maintenir l'intérêt sur la longueur et surprendre. Ses héros désincarnés ne sont pas attachants. Il reste bien peu de choses auxquelles se raccrocher. ABC n'a vraiment pas de temps à perdre avec ça. Mais je sens qu'elle va pourtant lui donner sa chance, certainement pour la mi-saison 2015. Et on va tous tomber dans le panneau, se coltiner 3 ou 4 épisodes sans intérêt, peut-être même une saison complète, avant de se dire qu'il est grand temps d'arrêter les frais et se concentrer sur les bonnes séries qui méritent toute notre attention. J'espère me tromper...