Record battu ! 1h15 pour s'habiller et avaler un café ! Je me souviens maintenant pourquoi j'aime la montagne en solo !
2h, nous partons vers le talus glaciaire, qu'il faudra descendre sur l'autre versant puis traverser une infâme moraine avant de remonter au milieu des blocs de roche instables vers le glacier.
4h15, nous chaussons les crampons. Je me dis que si nous avons mis 2 heures pour arriver jusqu'ici, le sommet ne sera pas atteint avant 8h... j'aime pas ça !
Surprise, c'est Ralf qui en bave ce matin alors que c'est Kriss qui s'inquiétait hier...je souris en pensant à cette devise "Altitude is the great equalizer !".
Toute les minutes il faut faire une pause ... décidément ça va être long.
Le premier pont de neige est franchi... plutôt solide !
Nous voila au pied du mur... en guise de mur, c'est une pente de 50º maximum, vraiment pas de quoi paniquer. Je commence à me dire que je devrais prendre le large.
Le soleil se lève, s'enflamme et la pyramide parfaite de l'Artesonraju fait son apparition.
Je m'approche de Marco qui daigne me signer mon ticket de sortie... enfin on va pouvoir enclancher la seconde.
Derrière nous, un groupe d'italiens de l'expédition K2-2004 arrivent à fond... pas question de laisser passer.
Reste 400m à grimper sur une pente prononcée dans un vent fort chargé de cristaux de glace qui me fouette le visage... ahhhh! ça réveille !
Quelle vue grandiose ! L'Artesonraju plein cadre, l'Alpamayo en arrière plan, le Huandoy et ses trois sommets étalés sur 70º, les deux sommets du Huascaran et l'arrête éffilée du Chopicalqui... c'est carrément "schwing" !
Les italiens atteignent le sommet quelques minutes plus tard pour l'incontournable scéance photo.
Marco traine ses clients, les pauses se multiplient et à 50m du sommet Ralf veut faire demi tour... finalement ils arriveront au sommet vers 8h30, raides morts mais contents tout de même.
Le retour sera une formalité jusqu'à la moraine. Sous le cagnard la traversée de ce champ de caillase et de poussière est un calvaire qu'il faut prendre en patience, prudemment.
11h, de retour au camp, Yover me reçoit avec un café chaud et réconfortant.
Avant de retourner vers Cebollapampa, il faudra tout de même convaincre nos 2 acolytes germaniques de souffrir pendant 1 heure supplémentaire.
The pass grows steeper, the air colder and sharper.
A wind from my unknown goal stirs the strings of expectation.
Still the question – shall I ever get there?
there where life resounds.
A clear pure note in the silence.
Dag Hammarskjöld