Tes mots sur mes lèvres, par Katja Millay

Publié le 25 février 2014 par Clarabel

J'ai beaucoup entendu parler de ce livre, en bien. Aussi j'étais impatiente de le lire (mais un peu craintive tout de même). Le début s'est avéré laborieux, je dois dire, c'est assez long, les personnages sont fermés, Nastya et Josh sont deux jeunes gens qui se sentent en marge de la société, marqués par la vie, ils estiment qu'ils n'ont pas droit au bonheur. C'est seulement en se rapprochant qu'ils vont comprendre le poids de leur solitude et le besoin de faire peau neuve, mais il faudra énormément de temps et de patience pour en tirer de telles conclusions !
L'histoire, en fin de compte, se dessine assez timidement, mais avec beaucoup de délicatesse. Nastya est une jeune fille brisée, qui ne parle plus suite à son traumatisme et a choisi de s'habiller de façon vulgaire pour tenir les autres à distance. Josh a perdu tous ceux qu'il aimait et vit seul dans son coin pour mieux se protéger et ne plus risquer de s'attacher aux autres. Un soir, Nastya se faufile dans son garage, après sa séance de jogging, elle s'installe sur son établi (le garçon est un dingue de menuiserie et d'ébénisterie) et le regarde bricoler. Elle reviendra tous les soirs, sans explication. Et lui l'accepte aussi simplement.
De toute manière, c'est une relation étrange et complexe qui se dessine entre eux. Ne vous imaginez pas une romance légère et chatoyante, un soupçon de passion ou d'action, vous serez amèrement déçus. C'est plutôt un roman dans lequel on s'enferme, le poids du silence et des non-dits est lourd, assez étouffant. On cerne vite le désespoir de notre couple, leur tendance à se déchirer intérieurement, à ne pas se faire confiance. C'est franchement éprouvant. Et je ne suis pas sûre d'aimer une telle histoire, où on se sent moins bouleversée que déprimée. C'est trop dévastateur, je ne me sentais pas à mon aise.
Sans quoi, c'est tout sauf un mauvais roman. Il ne me correspond pas, mais il est générateur d'émotions multiples et contradictoires, on aime, on soupire, on peste, on a envie de savoir ou de comprendre, mais surtout on se dit que les personnages devraient avancer, briser leur coquille et jouer franc-jeu. Que de temps perdu, d'âmes brisées et de malheur inutile... c'est très triste, en fin de compte. Pour l'heure, moi je recherche des histoires qui me font voir la vie en rose. Je ne me retrouve pas trop dans la tendance actuelle (des jeunes gens brisés, qui s'empêchent d'aimer ou d'être heuruex), je tente toujours, par curiosité, mais je suis difficilement satisfaite.

Fleuve Noir, coll. Territoires, janvier 2014 - traduit par Juliette Lê