Wes Anderson est de retour avec son huitième film The Grand Budapest Hotel, une jolie sucrerie pas si naïve que ça.
Le réalisateur américain a écumé le vintage des années 1950 à 1960. On se souvient de la patine pop de La Famille Tenenbaum, tout comme celle de Moonrise Kingdom. Pour The Grand Budapest Hotel, le réalisateur de A bord du Darjeeling Limited opte pour le style de l’entre-deux-guerres passé à la moulinette kitsch. Le résultat un monde aux couleurs saturées et aux allures de contes de fées. Mais pas de risques de tomber dans le genre du vilain cartoon, c’est du Wes Anderson que diable !
Ce sera donc un aller pour la Mitteleuropa à la veille de la Seconde Guerre mondiale dans la charmante République de Zubrowka, où le célèbre Grand Budapest Hotel luit de mille feux et attire la bonne société dans ses bains thermaux. Dans ce petit royaume, règne avec une main de maître Monsieur Gustave H., le concierge que tout le personnel de l’hôtel craint, mais qui est adulé par les vieilles femmes fortunées en mal de compagnie. C’est aux côtés de Zéro Mustapha, nouveau lobby boy et futur propriétaire des lieux, que l’on apprend les règles de ce petit monde. Règles qui tendent à disparaître après l’assassinat de la comtesse Céline Villeneuve Desgoffe und Taxis, amante du concierge lover, mais aussi propriétaire d’une fortune colossale… La course à l’héritage commence entre le très ténébreux Dimitri et Monsieur Gustave, bien décidé à obtenir sa part avec l’aide de Zéro. Mais le début du fascisme commence à pointer le bout de son nez et complique le déjà très compliqué.
Wes Anderson réussit haut la main l’exercice du voyage initiatique faussement niais. S’inspirant des écrits de Stefan Zweig, il retrace les prémices de l’emprise du fascisme en Europe de l’est. Le rôle de Ralph Fiennes, un personnage désuet qui ferait sérieusement concurrence à Nadine de Rothschild question bienséance, incarne le dernier rempart face à la barbarie.
S’il on apprécie toujours autant les codes du réalisateur ( un décor de rêves, un histoire au rythme trépidant, de rapides coups de caméra) on s’attriste de l’aspect trombinoscope. Certes, il est normal qu’un réalisateur ait ses acteurs fétiches, nous sommes d’accord. Mais ce name dropping estampillé Wes Anderson gâche. On peine à voir Adrien Brody en sale gosse âpre aux gains. Le bref passage de Bill Murray laisse coi. Cela dit, qu’est ce que l’on aime Willem Dafoe, parfait en homme de main, un poil biker tinté de nazisme ! Et que dire de Harvey Keitel, parfaitement à sa place dans son rôle de chef de gang tatoué.
Mais la magie signée Wes Anderson efface ce petit impair et nous embarque dans cette histoire tumultueuse qui ne nous laisse pas reprendre notre souffle.
Et nous sommes officiellement toutes amoureuses de Ralph Fiennes.
Si vous voulez plus d’hôtel
Shining: Petit bijou de Stanley Kubrick dans lequel Jack Nicholson pète quelques plombs. Il incarne un aspirant écrivain qui s’enferme avec femme et enfant dans un hôtel isolé dans les montagnes du Colorado. Comme vous l’aurez deviné, l’idée n’était pas la meilleure…
Psychose: Alors que Marion pense être tranquillou avec ses 40 000 dollars en poche, elle décide de s’octroyer un temps de sommeil réparateur dans le motel du charmant Norman Bates. Déciment les gens n’ont pas le chic pour choisir leurs vacances.
Somewhere: Mais que la vie est dure dans les murs du Château Marmont ! C’est dans cet hôtel mythique que Sofia Coppola installe son cinquième film. L’hôtel, bien que douillet et luxueux, y représente une sorte de no mans land étrange.