Magazine Graphisme

Dis non ou tais toi

Publié le 13 mai 2008 par Daxlebo
Gloire aux ronchons, hourra pour les râleurs, vive les contestataires et fi des béni oui-oui. Est-ce que mai 68 a été un échec ? On s’en balance. Pourquoi ses initiateurs, allumeurs de mêche chevelus, sont-ils devenus de pâles apôtre de la spiritualité ou d'insupportables libéraux-libertaires ? Parce qu'ils n'ont pas changé. Ils sont toujours en opposition. Dire non, foutre un coup de pied au cul du monde tel qu'il est, voilà la seule vraie motivation.

Gloire aux ronchons, hourra pour les râleurs, vive les contestataires et fi des béni oui-oui.

En cette heure de résurrection de Desproges ou d’invocation des protestataires de mai 68, il est bon de se rappeler combien il est utile de dire non. Dire non, voilà la seule vraie motivation. Est-ce que mai 68 a été un échec ? On s’en balance. Pourquoi ses initiateurs, allumeurs de mêche chevelus, sont-ils devenus de pâles apôtre de la spiritualité ou d'insupportables libéraux-libertaires ? On s’en re-tape. Sauf que, peut-être, il y a une explication : oui, ils ont réussi à transformer la société. Et quarante ans après, ça les emmerde. Ils sont de nouveau contre. Opposés à leur œuvre. Révoltés contre cette transformation sociale qui a dépassé, ou peut-être simplement accompli le projet de transformation qu’ils avaient élaboré. Ils en voulaient, ils l'ont eu, ils n'en veulent plus (voli, vici, vomi).

Certains crieront au revirement, au retournement de veste, au désabusement. Je crois, au contraire, qu’ils sont restés fidèles à leur révolte. Ils sont toujours en opposition. Comme le Plébéien romain en -500 contre les Patriciens. Comme le serf en 1789 contre l’oppression royale. Comme le communard, le bonapartiste, le royaliste, le poujadiste, le luddiste, le syndicaliste, le marxiste, le bolchévik, le déserteur, le pisse-froid, l’indépendantiste, le buraliste, le religieux intégriste, le lobby des mères de famille et le moraliste. Tous, quelque soit la sauce politique, ne font que resservir le même plat qui donne tout son goût à la vie humaine.

Le propre de l’homme, c’est de dire non. Qu’importe que la révolution ait lieu ; il faut dire non. Dire non aux régimes politiques, c’est le plus remarquable, mais pas seulement. Il y en a qui disent non avec panache aux fatalités de la vie (un athlète handisport, un chercheur en médecine). Il y a ceux qui disent non au modèle de société qu’on nous vend (les tenants de la décroissance), aux idées prémachées que nous tendent les partis politiques et en général aux terrifiantes petites sentences de la pensée unique. Il y a aussi tous les petits nons contre nos penchants naturels (terminer cet article malgré la fatigue, ne pas se vautrer sur le canapé en regardant des niaiseries, ne pas reprendre la cigarette, ne pas remanger de dessert). Non aux conditions de transport dans le métro parisien (j’en sors, trempé). Non à l’aliénation du monde du travail (j’en sors, crevé). Non aux catégories, non aux interdictions, non aux interdictions d’interdire.

Dire non, c’est préserver sa dignité, c’est labourer le terrain de la liberté. Toutes les situations où il est impossible de dire non (l’Allemagne nazie, les régimes communistes, l'Inquisition espagnole, les usines de textile en Chine) sont des situations de déni de l’humanité. Des moments de glissement barbare où un système politique, religieux ou économique a pris le pas sur les citoyens qu'il était censé servir. Rien n'est moins humain qu'une rangée de patriotes alignés, de moines zélés, d'ouvriers aliénés ou même de militants politiques scandant tous le même discours rebattu.

Dire non, c'est sauver son humanité. Je vous invite donc à dire non dès que le besoin s'en fait sentir (ou pas).

PS : Bien sûr le premier qui n'est pas d'accord a tout compris.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Daxlebo 16 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog