Mais cette semaine a connu son nouveau lot d'escalade démagogique.
Commençons par le franchement cocasse : "J'ai prévu dans le grand pôle de Bercy-Charenton de mettre en place des serres d'agriculture urbaine pour développer une excellence parisienne en la matière" a annoncé NKM ! Bientôt l'agriculture au lisier bio sur le toit des bâtiments municipaux là où il n'y aura pas de place pour les panneaux solaires ? Et les champignonnières dans les stations fantômes du métro ? Pourvu qu'il ne s'agisse pas d'agriculture hallucinogène !
Hidalgo, quant à elle, veut un plan piscine phénoménal. Alors que les bassins actuels sont frappés par des fermetures fréquentes et inopinées et une vétusté croissante contre laquelle la ville a peu agi, Hidalgo voit soudain de la baignade partout.
Le lac Daumesnil, au bois de Vincennes (XIIe) d'une superficie de 12 hectares "sera ouvert à la baignade pour tous, après filtration en amont de l'eau". Cela fait des décennies que cette idée, où son équivalente pour les lacs du bois de Boulogne, flotte sur les promesses irréalisables faute d'argent. Mais en campagne, rien d'impossible.
Hidalgo veut également des bassins à fleur d'eau installés à la Villette (XIXe) et sur la Seine dans la continuité du parc André-Citroën (XVe) ainsi que "deux piscines itinérantes, entièrement démontables", qui auraient vocation à prendre place "sur des terrains en attente de construction", ou à se substituer aux piscines en cours de rénovation. Sans compter quatre nouvelles piscines et un vaste programme de modernisation, qui concernera au moins six piscines avec des horaires des établissements seront élargis. Ce "plan" sur la bouée flottante est évalué à 250 millions d'euros. Bonne blague, sachant en outre que les piscines sont parmi les équipements municipaux les plus onéreux à entretenir et faire fonctionner quand ils sont ouverts.
C'est l'esprit "Paris Plage" de son mentor poussé à un paroxysme aquatique, la dilution de la politique municipale dans le festif aqueux. Le tout à un coût délirant. Mais il ne faut pas le dire.
Car, entretemps, NKM a surenchéri : elle veut donner les transports publics gratuits à tous les étudiants jusqu'à 23 ans. Malheur à ceux qui pousseraient au delà de Bac + 5, ils iront à pied ou paieront !
Le principe du service public gratuit, plus sûr moyen de le dévaloriser, continue donc de progresser dans la pseudo droite à la NKM qui a bien des progrès à faire avant de comprendre le fonctionnement d'une économie et le libéralisme.
Mais le pompon est décroché par son projet de couverture du faisceau ferroviaire et de la station de bus des gares du nord et de l'Est. Quand on observe ce qui s'est passé à Austerlitz, à moins de planter très densément des tours d'habitation de luxe et des bureaux sur la dalle, la rentabilisation de ces ouvrages titanesques est impossible. Les trépidations et la largeur de l'ouvrage imposent des piliers herculéens, sans même évoquer les perturbations du trafic.
Qu'importe, NKM est frappée de folie des grandeurs : 1,5 hectare d’espaces verts, 1000 logements dont 1/3 destinés aux classes moyennes, 25% de sociaux et 44% de libres, un complexe sportif de 6000m2 et un espace réservé aux cultures urbaines proposant un skate-parc et des murs d’expression artistique, une crèche de 700m2, une cité universitaire de 13000 m2 pour permettre aux étudiants de se loger à coûts modérés dans un environnement connecté, un centre d’affaires de 15000 m2 dont une partie sera réservée aux "start-up du big data" (sic), une voie piétonne pour relier les deux gares et la fluidification du boulevard de Magenta, avec pour objectif de désengorger les nœuds de trafic. Cessez le feu ! Pour savoir ce qui est advenu d'un projet pourtant moins ambitieux, cliquez LA. A Austerlitz, dans une zone moins dense et complexe, on est déjà à un déficit prévisionnel de 800 à 900 millions d'euros !
Le financement de ce délire est carrément comique : en dépenses principales la création des dalles pour 194 millions d'euros et l'achat du foncier pour 28 millions nous dit NKM. Mais, ce n'est pas vous qui fixez le prix d'achat chère madame mais RFF ! Quand on voit que depuis des années aucun accord n'est trouvé sur la Petite ceinture, il est estomaquant de prétendre imposer à cet établissement public pareille spoliation. Tous les coûts de toute façon sont outrageusement sous-évalués. Il suffit de se reporter à celui de l'aménagement de la place de la République : près de 40 millions d'euros, pour considérer comme une plaisanterie les 16 millions prévus pour les aménagements de surface sur tous ces sites.
La cité universitaire, quant à elle, semble avoir disparu des écrans radars du financement. En réalité, la seule marchandise de valeur seraient les logements privés mais il ne seraient que 440 sur 1000, une goutte d'eau dans la mer des dépenses.
Bref, on a là de quoi ruiner Paris en une Zac ! Mais peu importe, peut-être que les journaux s'ébahiront le temps d'une édition sur ces zolies zimages ...
Toutes celles et tous ceux qui veulent dire non à ce concours de démagogie n'ont décidément qu'une chose à faire : voter pour les candidats de Paris Libéré !