4h00. Le bout du nez bien frais, il faut se motiver pour sortir et enfiler les pompes durcies par le gel.
Thé chaud et barre de céréales avalés, il est 4h30 lorsque je commence á marcher, redoutant de retrouver la neige infame d'il y a 2 jours.
Yes ! la première heure me laisse gagner 400m, sur une neige compacte... que du bonheur. Je passe sans problème le passage à 60°, mais le bonheur s'arrête lá. C'est reparti comme en 40. Croute de neige qui craque sous mes pas, je m'enfonce de 20 cm à chaque appui... Meeerde ! les 500 prochains mètres ne seront conquis une fois de plus qu'a coup de rage : à peine plus de 100m/h, c'est pathétique.
Je sais pas pourquoi mais je commence á reciter Le Cid " ô rage ô désespoir, ô vieillesse ennemie, / n'ai-je donc tant vécu que pout tant d'infamie ? [...]Mais d'un corps tout de glace inutile ornement, / Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense / M'as servi de parade, et non pas de défense, / Va, quitte désormais le dernier des humains, / Passe, pour me venger, en de meilleures mains."... ca colle á la situation !9h10. Si Jeanne Calment avait fait la course aujourd'hui, elle m'aurait mis la pilée.
Mais je l'ai eu ce damné Pomerape, á la dure, droit dans la pente et les dents serrés.
Pas question de recourir á la luge de fortune dés les premiers mètres, la pente est trop prononcée.
Le mur délicat est franchi á reculons et aprés une belle glissade, enfin je retrouve le camp sans encombre et en bien meilleure forme qu'avant hier. Le retour à Sajama prendra 3h30 avec une maudite chanson de Dalida dans la tête tout le long " Sajama á Sajama, je reviendrais á Sajama... " Misère !
Doublé en poche : 2 premières annuelles en solo à plus de 6000m... jamais je n'aurais pensé pouvoir le faire !