On rencontre des gens qui ont l’air sympathique, on ne se méfie pas, et voilà comment on se retrouve à arpenter les rues de la ville entière derrière le centurion à jupette de mon dernier billet. Princesse 1 ayant malencontreusement informé la grande prêtresse druidique qu’elle étudiait les romains à l’école, la druidesse a absolument tenu à nous organiser une visite privée. Mais privée en public, devant les gens en train de faire leur course, de se promener, ou juste de se rouler par terre de rire à nous voir passer, le centurion en tête, suivi de 4 gamines ravies au début, une maman (quitte à me couvrir de ridicule, j’amène les copines avec moi), une poussette avec un bébé dedans et une autre maman, ( moi derrière ma poussette donc). Et après, les gens disent qu’il ne se passe jamais rien à Colchester et que ça manque d’animation!
On a commencé cette visite romaine, en toute logique par le château normand. Il est construit par dessus le temple romain, on en aperçoit quelques pierres, cris de joie des gamines, oh, c’est très vieux! Le centurion, le plumeau flamboyant sur son casque étincelant était très fier de nous montrer ça, comme si il avait effectivement participé à la construction.
On voit la délimitation entre la partie romaine et la partie normande, même sur la photo. Manque de chance, le château qui est aussi un musée, est en travaux, on n’a pas pu aller admirer les souterrains du temple. Parce que ça se visite. C’est d’ailleurs là que s’étaient réfugiés les femmes et les enfants pendant l’assaut de Bouddica contre la ville. Elle les a donc directement fait cramer dedans. Et bien, avec un sens pédagogique admirable, le musée propose des visites aux enfants des écoles, avec un son et lumière criant de vérité pour leur faire revivre cet événement désopilant. Mais qu’à cela ne tienne, notre centurion s’est proposé de nous faire un récit détaillé du massacre. On a eu du mal à lui faire comprendre que ce n’était peut être pas indiqué pour des enfants de 5 à 8 ans. Il a cédé, mais on voyait bien à son plumeau rabattu, que c’était à contre cœur.
On est heureusement resté à l’air libre. Il faisait beau, bébé 5, ébloui par tous ces vestiges dormait profondément dans sa poussette, les filles courraient après les écureuils, mais il a fallut suivre notre centurion jusqu’à l’autre bout du parc, pour admirer la muraille romaine. Alors, bien sur, c’est toujours vieux (nouveaux cris de joie des filles, mais moins prononcés quand même). Mais comme a fait remarqué Princesse 2: Ben quoi, c’est un mur. Exactement. Et Camulodonum étant une ville fortifiée, le mur faisait tout le tour. Après le parc, on a donc commencé à parcourir toute la ville pour admirer le mur romain, qui n’en finit pas. Il est partout, ce mur! Il y a des pans entiers qui se dressent fièrement, d’autres qui se devinent dans les murs des maisons médiévales, d’autres qui entourent des espaces verts…Alors qu’il n’a servi strictement à rien contre Bouddica et ses Icenis. Bref, il a fallut calmer le centurion, c’est bon, on l’a bien vu, son mur, passons à autre chose avant que les enfants (et moi) hurlent. On commençait sérieusement à avoir mal aux pieds…le centurion avait le plumeau carrément tombant, comme une vulgaire chaussette, sur le côté.
Vexé, il nous a peine montré le théâtre. Il faut dire que si les trois plus grandes ont feint un intérêt poli, ma Princesse 2, avec toute sa délicatesse, a juste dit: Ben quoi, c’est un trou. Elle n’a pas forcément tord, mais le centurion l’a très mal pris. Je sens que ma fille n’est pas prête à faire carrière dans la légion romaine, ce qui est quand même un soulagement.
C’est comme le temple sous le château, le plus beau vestige du théâtre sert de fondation à une église. J’ai voulu ruser et ne prendre que la partie basse romaine en photo, résultat, on ne voit que la barrière en bois. Mais ça a eu l’air de faire plaisir au centurion, que je prenne des photos (alors que sans vouloir cafter, ma copine était plus occupée à distribuer des gâteaux aux filles pour les faire tenir tranquilles, qu’à s’émerveiller). L’ambiance s’est réchauffée un peu, le centurion a réajusté son casque, et c’est le plumeau bien droit qu’il nous a gratifié d’ explications détaillées sur le théâtre. Jusqu’à ce que Princesse 1 fasse remarquer que c’était écrit sur le panneau. Mes filles ne sont pas sortables.
Du coup, on a fini la visite au pas de charge. Le centurion nous a expliqué qu’on ne peut pas voir le cirque, car les vestiges sont en plein milieu de la caserne. Et j’ai été finalement très fières de mes filles, puisque c’est leurs copines, et pas elles, qui ont déclaré à ce pauvre centurion au bord de la crise de nerf que c’était dommage de ne pas aller voir les clowns. Le pire, c’est qu’il n’a pas compris de suite ce qu’elles voulaient dire. Les pauvres enfants n’en pouvaient plus de toute cette marche, bébé 5 s’était réveillé et réclamait à manger, ma copine et moi en avions aussi marre de traîner tout notre petit monde…mais ça c’est bien fini, on a pu sauter à pieds joints sur une authentique mosaïque! C’était très drôle, elle est protégée par une plaque de verre et ça rebondit. Et je suis sûre que le centurion était de mauvaise foie quand il a dit que je ne pouvais pas faire de photo.
Je termine donc sur une photo de la brochure officielle…je ne sais pas pourquoi, mais je sens que la grande prêtresse druidique ne va plus nous organiser des visites privées. C’est dommage, le trimestre prochain, princesse 1 fait le moyen âge, et on a un tout un quartier médiéval à Colchester!