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L'ALIMENTATION marque notre biologie sur des générations

Publié le 24 février 2014 par Santelog @santelog

L'ALIMENTATION marque notre biologie sur des générations – AAAS 2014«  Vous êtes ce que vos ancêtres ont mangé  », c’est le titre de l’ouvrage de cet anthropologue, Christopher Kuzawa, de la Northwestern University, qui présente sa théorie lors de la Réunion annuelle de de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS) à Chicago. Non seulement notre santé actuelle reflète les régimes alimentaires de nos parents et de nos grands-parents mais, au-delà, les évolutions environnementales vécues par nos ancêtres, ont entraîné des variations en biologie humaine. L’étude anthropologique menée par ce scientifique sur différentes populations illustre les multiples façons dont notre corps garde en mémoire les régimes alimentaires de nos ancêtres récents et identifie des implications pour le développement et le bien-être des générations futures.

Christopher Kuzawa, professeur d’anthropologie et chercheur à l’Université Northwestern a travaillé sur les données de terrain recueillies dans le Nord et l’Amérique du Sud, en Asie, dans le Pacifique Sud et en Afrique. Il conclut, à partir de ces données, que non seulement ce que l’on met dans sa propre assiette est important bien sûr, mais que le régime alimentaire suivi par la mère, grand-mère et nos lointains ancêtres influe sur notre santé biologique. Même en matière de nutrition, il importe, explique-t-il de prendre en compte son «  histoire évolutive  ».

 

Suivre un régime sain, aujourd’hui, est un facteur démontré de meilleure santé : Consommer trop de graisses saturées a des effets néfastes démontrés, cela réduit la capacité du foie à éliminer les particules de lipoprotéines de faible densité de la circulation sanguine, augmente les niveaux de « mauvais » cholestérol et de triglycérides et accroît le risque de développement d’athérosclérose et de maladies cardiovasculaires. Si ce mécanisme est déjà très connu, ses détails illustrent comment les graisses saturées peuvent initier des changements dans la biologie pour conduire finalement à la maladie. En revanche, cela n’explique pas pourquoi les graisses saturées sont mauvaises pour la santé, car il n’y a rien d’intrinsèquement dangereux dans les graisses saturées.

Comment l’évolution explique certains dangers de notre alimentation : Le chercheur rappelle, qu’il y a des millions d’années, les humains et leurs ancêtres se nourrissaient de plantes, riches en fibres et faible en sucres simples et d’animaux sauvages, une viande très maigre en comparaison de nos viandes d’élevage. Notre patrimoine génétique a conservé les gènes d’un métabolisme adapté à ce régime, une sorte de "mémoire" de l’alimentation de nos ancêtres. Lorsque notre alimentation s’écarte de cette attente biologique, les problèmes de santé apparaissent.

Nos problèmes alimentaires actuels sont le résultat d’une interaction entre plusieurs régimes, ceux de nos ancêtres et notre régime alimentaire actuel : Le métabolisme humain est issu de «  milliers, voire de millions d’années  » de pratique d’un régime ancestral, notre alimentation d’aujourd’hui en en conflit avec notre génome. L’accélération de notre changement de mode de vie humain se confronte à la lenteur des évolutions de notre architecture génétique. Bref, notre mémoire génétique des modes de vie passés est la cause de nombreuses épidémies métaboliques comme l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires mais aussi d’autres nombreux problèmes de santé comme la dépression, la myopie ou l’allergie.

La plasticité du développement est lente : Les mutations de l’ADN qui permettent l’adaptation génétique aux nouvelles conditions environnementales sont rares et nécessitent de nombreuses générations. Alors intervient la sélection naturelle qui «  colle au plus près  » aux changements biologiques. La sélection naturelle va favoriser les gènes ayant la capacité de répondre aux nouvelles spécificités de l’environnement. Ce type de réactivité de la biologie du développement à l’environnement est appelée plasticité du développement car elle permet une plus grande souplesse d’adaptation des espèces à de nouveaux environnements.

Ainsi, le stress chez la mère, durant la grossesse entraînant le passage des hormones de stress à travers le placenta va ralentir la croissance du fœtus et modifier le développement du pancréas et réduire la capacité de la descendance à métaboliser le glucose…

Au moins 3 régimes alimentaires influent sur notre santé : Même s’il reste beaucoup à apprendre sur l’origine évolutive et la fonction de la plasticité du développement, cette recherche montre que les effets sur la santé de l’alimentation doivent être analysés à la lumière d’au moins 3 régimes !

·   La mémoire génétique de l’alimentation de nos lointains ancêtres,

·   le régime alimentaire de nos mères et nos grand-mères (régime in utero),

·   et ce que nous mangeons aujourd’hui.

Et ce sont en grande partie les souvenirs biologiques dont nous héritons qui reflètent les ajustements à des environnements rencontrés par nos ancêtres qui déterminent si nos comportements actuels ont des influences bénéfiques ou néfastes sur notre santé, notre bonheur et notre longévité, conclut l’auteur.

Source: AAAS 2014 You Are What Your Mother Ate: How Our Ancestors’ Diets Shape Our Health et Northwestern University You Are What Your Ancestors Ate: What Diet Tells Us about Our Biological Memories

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