Magazine Humeur
Si la suite pouvait être moins saignante, ce serait déjà une belle avancée.Pour le moment, Ianoukovitch destitué et Madame Timochenko liberée changent une bonne partie des tensions, mais ne sont pas encore des solutions.Et c'est peu de dire que la partie extérieure, elle, n'a pas franchement évolué.La Russie d'abord, qui a un intérêt stratégique majeur pour cette « annexion soft » de l'Ukraine à sa charrette d'Union Eurasienne dès sa première version, l'Union Douanière déjà en place(actuellement Russie, Biélorussie, et Kazakhstan). Une « migration » de l'Ukraine pour se rapprocher, sous n'importe quelle forme de l'Europe, pourrait torpiller tout l'édifice que Poutine cherche à construire. Dès que les feux de la rampe seront éteints à Sotchi, on risque de le voir agir avec toute la tendresse qu'on lui connaît pour éviter la fuite ukrainienne.Quitte à faire patte de velours le temps qu'il faudra pour mieux calibrer les possibilités de chaque option.Et pour l'Union Européenne, ce n'est pas non plus du gâteau. Très prudente au début dans son soutien à la révolte populaire Ukrainienne ; plus impliquée lors des dernières négociations, elle ne peut pas se dérober, sauf à perdre la face à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur.Cependantque les moyens économiques disponibles pour « aider » l'Ukraine à se sortir de sa situation actuelle ne se trouveront pas facilement. Ensuite, parce que la « négociation » qu'il faudrait mener avec la Russie de Poutine, en cas d'arrimage, même faible, de l'Ukraine à l'Europe serait d'un niveau de difficulté gigantesque. Et on peut prévoir que « l'ami » américain voudra participer à la chose, ce qui est autant une aide réelle qu'une difficulté supplémentaire.Et hors des frontières actuelles de l'Union Européenne, toute l'Europe du nord, du centre et de l'est aura son mot à dire des risques pris par les uns et les autres.Enfin, parce que les Ukrainiens, enhardis par le courage qu'ils viennent de montrer, n'entendront certainement pas que leur sort soit réglé sans que leur avis sur le comment nesoit la base de toute négociation. Et éviter une coupure de leur pays en deux, qui est un risque de plus, avec une Ukraine-est assez pro-Russe (et comprenant la Crimée!)et une Ukraine-Ouest clairement pro-européenne.C'est vraisemblablement un tournant historique majeur qui se profile. Tout le génie de nos gouvernants en poste va être mis à l'épreuve par cette histoire. Pour en sortir dans une paix d'aujourd'hui qui ne puisse pas devenir une explosion pour plus tard.©Jorge