Pour notre dossier sur les fans, on a demandé à des gens de nous raconter comment ils vivaient la chose.
Texte : Daizy
Julian Fernando Casablancas,
Mes copines de TEA m'ont demandé d'écrire sur toi, apparemment je suis "FAN DE" (j'en place une pour Séverine Ferrer qui m'a appris cette expression il y a fort longtemps). J'ai d'abord pris peur. D'une, je ne sais pas vraiment m'exprimer sur du papier, je ne l'ai jamais fait (déjà que je n'arrive pas à m'exprimer en IRL, c'était risqué), et de deux, je me suis dis que j'allais certainement passer pour une folle une fois publiée.
Ensuite je me suis rappelée que ma dignité s'est envolée depuis déjà quelques années et que la plupart des gens sont déjà au courant de mon histoire d'amour longue distance avec le beau New Yorkais.
Le mot fan : Anglicisme qui désigne une personne qui éprouve une forte admiration pour une personne.
Je ne suis pas une fan de la première heure, je l'admets difficilement et regrette de ne pas t'avoir connu avant. Je regrette d'avoir loupé des moments de bonheur simple en ta compagnie lors des deux premiers albums, je regrette de ne pas avoir découvert ton charisme nonchalant il y a maintenant 13 ans.
J'étais jeune Julian, j'étais jeune et je découvrais Pink cette année là, ne m'en veux pas, je me cherchais un peu.
Je suis passée par beaucoup de phases. D'abord Britney Spears, ma première idole, puis Pink. Ensuite j'ai découvert la pop, le rock. The Libertines, Arctic Monkeys, Franz Ferdinand… J'ai cherché, j'ai cherché...
Depuis je me suis rattrapée quand, en écoutant le Mouv' en rentrant du fastfood le plus proche de ma campagne nantaise, j'ai reconnu ta voix que j'avais déjà entendu quelques fois avec "The End Has No End".
"Juicebox". Mon coeur s'est affolé. A ce moment là j'ai su. J'ai su que ça serait THE STROKES au top du top dans mon coeur. Parce que la voix du chanteur, les paroles écrites me tordaient souvent le ventre plus qu'un homme ait pu le faire. (c'est toujours le cas d'ailleurs, vous mettez "Vision of Division" et l'homme que j'aime le plus côte à côte, ça sera la voix de Julian qui me brisera).
Ok il y a bien eu quelques infidélités. Mais toutes n'étaient que passagères.
J'ai pleuré sur "Vision of Division", j'ai commencé la guitare sur "Take it or Leave it", j'ai hurlé sur "Juicebox", j'ai hurlé aussi pour votre dernier album mais pour une raison différente…
Pour toi je suis prête à oublier Comedow Machine. Du moins le trois quarts des chansons. I'm sorry Jules, mais je n'arrive pas.
Décembre 2009. Tu fais une tournée en solo, juste toi, sans le grand maigre qui pose en même temps qu'il gratte sur sa guitare, sans les bouclettes soyeuses de Fabrizio Morreti et les mouvements de poignets d'Albert Hammond Jr ou encore sans la coupe éternellement incompréhensible de Nikolaï. Juste toi, tes perfectos, tes cheveux bleus rouges noirs et ta voix instable qui peut en troubler plus d'un en concert.
Ce soir là plus rien n'existait. Tu es venu dans la fosse, devant moi et sans réfléchir, je t'ai violé le visage. Tu sentais le tabac froid, le cuir et la transpiration. J'avais beau recevoir des coups sur la tête d'hommes complètement hystériques de ta proximité, j'avais beau être entourée de mes amis, je ne voulais pas te partager.
Dans les loges Julian, ce soir là, j'étais tétanisée. Je t'ai vu arriver avec un sourire timide mais franc, ton mètre 90 impressionnant et ta gène palpable. J'ai vu un homme, pas un personnage de rockstar qui se cache derrière ses lunettes de soleil et des baskets fluos importables.
Je n'ai pas su profiter du moment, je ne voulais pas non plus paraitre complètement folle. J'ai gardé ma dignité et je t'ai écouté.
C'était la première fois qu'on se rencontrait. Et c'était le moment le plus improbable de ma vie.
Ensuite je t'ai suivi. Paris, Belfort, Carhaix, Benicassim… Je t'ai suivi et je t'ai surtout attendu. Des heures et des heures, plus que je ne t'ai vu. En festival, je t'attendais la sueur au front, la gorge sèche par le manque de boissons fraiches, le corps fébrile. Souvent au bord du malaise, à la recherche de sucre, je t'attendais au premier rang et n'étais pas vraiment la fille la plus agréable dans de tels moments (j'en profite pour m'excuser auprès des amis qui ont dû me supporter).
Souvent seule.
Je voulais entendre des phrases, des notes.
Et puis les Vieilles Charrues sont arrivées. Tu as fais un signe. Etais-ce à moi?
A Benicassim aussi, avant de me prendre un vigile en pleine face. Je devais certainement rêver.
Quelques jours plus tard, tu as parlé. Tu m'as parlé et là j'ai compris. C'est bon Julian, maintenant tu sais que j'existe et que je suis là. Maintenant je suis une privilégiée et je sais que même si tu ne connais pas mon nom, tu sais qu'il y aura toujours une personne au premier rang de tes concerts qui ne regarde que toi, ta grandeur, ton charisme presque unique et qui tente de percer le mystère derrière tes lunettes de soleil.
Certains y voient du groupisme, peut-être. Peut-être que j'ai atteint le point de non retour, peut-être que je suis arrivée au niveau extrême de la chose. It's hard to Explain. Il faut dire que je n'arrive jamais vraiment à me modérer quand il faut parler de The Strokes, témoignages à l'appui.
Maintenant je dois te partager Julian et c'est dur. Depuis ton featuring avec les Daft Punk, j'ai l'impression de te partager avec le monde entier et ça me fait bizarre. Je l'accepte, je suis contente pour toi (et pour mes oreilles aussi) mais je l'accepte avec un petit pincement au coeur.
Merci d'être là dans mes moments de joie, en soirée (comme hier sur le dance floor d'un club Parisien), en concert, dans ma chambre tôt le matin ou pendant la sieste comme dans mes moments de tristesse.
Un jour peut-être, j'arriverai à combler un truc qui manque à ma vie, je changerai et tu ne prendras plus une place aussi importante dans ma vie. Pour être honnête Julian, j'espère que ce jour arrivera vite, ça me soulagerait du trop d'amour que je porte à tes chansons et du mal que peut causer la réalité. Les gens se moquent souvent de cet état de fanatisme mais la vérité est que ça fait plus de mal que de bien et que si je pouvais t'abandonner un peu, je me sentirai soulagée, ça voudrait dire qu'un vide serait comblé.
Je termine cette lettre émue et la conclue sur une phrase de mon père à la sortie d'un concert auquel il assistait aussi (une histoire de famille) : "Je ne t'ai jamais vu aussi heureuse et souriante que maintenant, si il faut que tu vois Julian Casablancas pour être comme ça, je te paye les billets que tu veux."
Rendez-vous à New York le 6 juin Julian.
Merci pour tous ces moments de bonheur, I love you more than being seventeen.