Si vous avez bien écouté la presse française de ces derniers jours, vous aurez donc compris deux choses essentielles sur la crise en Ukraine : tout d'abord, que les gentils, se sont forcément les milliers de personnes qui manifestent à Kiev parce qu'elles veulent un rapprochement avec l'Union Européenne, donc avec nous, et que forcément, nous on est les gentils puisque quand même, l'Europe, c'est une démocratie parait-il !
Ensuite que les méchants se sont le président Ianoukovitch et ceux qui le soutiennent. Pensez-vous ! Un ex-communiste au pouvoir ! Qui plus est proche de Vladimir Poutine, rappelons-le, c'est forcément un méchant, il faut le combattre.
Bref, je caricature, mais ce qui ressort des dizaines de reportages que nous avons eu ces derniers jours, n'est pas bien éloigné de cela. Tous allaient dans le même sens, celui d'un soutien au mouvement populaire et d'une condamnation du président ukrainien.
Certes, j'acquiesce qu'un type qui fait tirer sur son propre peuple ne mérite rien d'autre que de dégager du pouvoir, mais avant cela, que c'était-il passé ? Parce qu'en fin de comptes, on oublie de rappeler certaines choses. En premier lieu, que monsieur Ianoukovitch a été démocratiquement élu, et que le rapprochement avec la Russie de Poutine figurait dans son programme. Le rejet de l'accord avec l'UE et la signature d'un autre avec la Russie avait donc déjà été tranché une première fois par le peuple ukrainien lors de l'élection de 2010.
En second lieu, on oublie de préciser que part importante des ukrainiens, jusqu'aux massacres de cette semaine, soutenaient la politique de Mr Ianoukovitch, tout autocrate qu'il fut. Ces milliers de personnes là n'ont jamais eu droit à la parole dans les médias français.
Enfin, la presse française, a omis de préciser que le mouvement était en grande parti soutenu par l'extrême-droite (lire ici). De mêm, alors que Mme Tymochenko est encensée par nos journalistes, on fait fi de son passé d'oligarque qui s'est enrichie dans l'industrie gazière après la chute de l'URSS, et de son action comme premier ministre de son pays où elle a constamment oeuvré pour un rapprochement avec les forces les plus nationalistes de son pays.
Bref, le départ de Ianoukovith est peut-être une bonne chose, mais la situation en Ukraine n'est pas prête de s'arranger, et ça, personne ne vous l'a dit. Bien au contraire.