Cette équipe gouvernementale minutieusement dosée repose sur d’énigmatiques compromis du Hezbollah: malgré son refus de laisser le portefeuille de l’Intérieur au général Rifi, ancien directeur des FSI – une des rares institutions à ne pas être totalement inféodée à la milice pro-iranienne – le Parti de Dieu a accepté sa nomination au poste de Ministre de la Justice. Et n’a, en outre, formulé aucune objection à la désignation à l’Intérieur de Nouhad Al-Machnouk, un député du Courant du futur. Mieux: la visite récente du responsable de la sécurité du Hezbollah, Wafik Safa au général Rifi à peine installé, alimente les spéculations. Tout comme les accommodements possibles du mouvement de Haret Hreik sur la mention du principe "Armée-Peuple-Résistance" dans la future déclaration ministérielle.
La raison, esquissée dans un éditorial antérieur, en est simple: le Hezbollah a besoin de stabilité politique au Liban afin de mieux se concentrer sur les lourds combats militaires qu’il mène en Syrie aux côtés de Bachar El-Assad. De même que son apparent "retrait" des ministères régaliens rend plus aisées les négociations franco-libanaises destinées à vendre des équipements militaires français à l’armée régulière et ce, à hauteur de 3 milliards de dollars fournis par l’Arabie saoudite. Un deal qui avait suscité des inquiétudes sur la "nature" de l’engagement français alors que Riyad soutient fermement la rébellion syrienne. Des menaces contre la France diffusées par des organes de presses pro-syriens avaient rendu impératives des "explications" données en janvier dernier par un conseiller du président français au responsable des relations extérieures du Hezbollah, Ammar Moussaoui. Finalement, le Parti de Dieu suit scrupuleusement la condamnation hypocrite de l’Union européenne et les conséquences implicites d’un accord "5+1" avec l’Iran: faire du Liban son acceptable vitrine politique.
La formation d’un nouveau gouvernement au Liban, malgré le "parapluie" américano-saoudien...