La Mémé de Philippe Torreton est aussi un peu la notre..

Par Filou49 @blog_bazart
23 février 2014

Denis Podalydès, Sylvie Testud, Charles Berling, et même Francis Huster (cherchez l'intrus :o)): le nombre de grands comédiens français, et notamment ceux qui jouent au théâtre, qui s'essaient à la littérature est sans cesse grandissant.Peut-être est ce du à cette habitude d'être confronté avec de grands textes qui leur donnent envie, souvent avec succès de passer le cap....

Quoiqu'il en soit, en cette rentrée de début 2014, cela se vérifie encore plus avec notamment Mémé, la 3ème oeuvre littéraire (il avait auparavant écrit un  ouvrage de souvenirs et d'un dictionnaire amoureux du théâtre)  de Philippe Torreton que j'ai eu l'occasion de lire.

Une des dernières fois dont on avait parlé de lui fut lors de cette tribune polémique dans Libération adressée à Gérard Depardieu, une tribune à la fois pleine de mauvaise foi et de pertinence,  fidèle à l'image médiatique de grande gueule que renvoie cet acteur très engagé politiquement, (dont la dernière. Personnellement, j'aime bien le type et l'acteur, son absence de tiédeur, son investissement total dans ses rôles (notamment dans les films de Bertrand Tavernier) et je me suis donc jeté sur ce roman, paru en tout début d'année aux éditions de l'Iconoclaste .

En tentant de faire revivre la figure de sa grand mère normande, une femme simple et généreuse,  j'aurais pu craindre un coté un peu vieille France, de l'imagerie des films Jean Becker à une pub pour le jambon, or, Torreton est bien plus malin et doué que cela.

Il faut dire que l'auteur possède une belle plume, un vrai style, qui rend le livre à la fois éminement personnel et universel. En effet, oOn a tous ou presque eu  une mamie ( une mémé plutot même si le terme, comme il le dit, ne s'utilise plus vraiment de nos jours) de la campagne chez qui  le frigo était presque vide m ais chez qui, en même temps on y mangeait toujours très bien, une mémé qui retirait l’écume qui se formait au dessus des bassines de confiture en train de cuire, afin de  la mettre dans une assiette et l’étaler sur du pain,  qui maitrisait l'art du recyclage, avec un même  poulet pouvait faire 3 repas ' "rôti le dimanche midi, froid avec de la mayonnaise le dimanche soir, en vol au vent le lundi soir). 

Bref, une mémé, qui était, comme il le dit lui même avec une très belle formule " silencieuse de mots mais bavarde en preuves d'amour". Par petites touches impressionnistes, par cette faconde et cette pudeur, Torreton fait vivre avec énormément de tendresse et d'émotions le souvenir de cette mamie qui nous fait penser à la notre

 On sent la fierté de l'auteur de venir de cette femme modeste, cette femme de la campagne  qui perdit son frère le 6 juin 1944, cette femme  humble, pauvre,et solitaire à la fin de sa vie, mais qui ne lâcha jamais le fil du labeur et des gestes du quotidien le plus banal et le plus exigeant qui soient lorsqu'on travaille dans une ferme . 

Courrez lire ce beau livre pour découvrir, la mémé de Philippe Torreton...

Une mémé à la fois unique et universelle, qui vous rappellera très certainement un peu la votre.