Zola fait peur.Zola effraie. Zola est naturaliste donc Zola est ennuyeux. Ceci est un sophisme.
J'ai toujours repoussé la lecture des romans de Zola. Je pense que cette zolaphobie trouve ses origines dans le fait que j'ai vu Germinal à 10 ans et que j'ai détesté parce que je n'ai rien compris. Mes parents étaient ressortis du cinéma enchantés, ébahis. Je m'étais sentie ignare et nulle parce que je n'y avais rien entendu. Du coup: TRAUMATISME SANS APPEL! J'ai attendu ma première année de master pour lire intégralement un roman de cet auteur. Nous devions étudier L'Œuvre. Quelle histoire! Ce roman est un pavé comme pratiquement tous les épisodes de la fresque des Rougon-Macquart. Une masse formidable en somme! J'ai ensuite lu Thérèse Raquin qui m' beaucoup plu. Je me suis forcée à acheter L'Assommoir. A reculons, je l'ai ouvert mais à contrecœur, je l'ai refermé. A chaque fois que j'ouvre un Zola, j'ai toujours une appréhension: celle que le naturalisme et le pessimisme du romancier me plombent et m'assomment. Je n'ai pas été déçue par Comment on meurt et encore moins par le dernier roman que j'ai lu La Bête humaine. Le titre ne m'attirait pas. J'ai dû attendre le challenge à mille pour me donner un peu de baume au cœur. Sous la contrainte initiale, je l'ai commencé et avec un optimisme croissant je l'ai continué.Je ne devrais plus avoir peur de Zola car je n'ai été déçue par aucun de ses romans. Je pense sincèrement me lancer dans son Œuvre Intégrale, sa fresque monumentale tout au long de cette année.
La Bête Humaine montre toute l'horreur de l'être humain, son inhumanité comme l'indique l'oxymore du titre, surtout lorsqu'il s'agit d'amour. Voilà tout le paradoxe zolien qui révèle l'ambiguïté humaine. L'homme n'est jamais aussi haineux que dans ses histoires d'amour: en couple, l'homme est prédateur. Sa moitié n'est qu'un trophée qu'il enserre entre ses griffes acérées dont il se sert aussi pour descendre le premier mâle approchant.
La Bête humaine, c'est l'histoire de différents couples adultérins où chacun veut se venger de la tromperie, du déshonneur, de la honte subies. Ils sont tour à tour cocus et trompeurs, victimes et criminels.
On retrouve la même violence faite aux femmes que dans L'Assommoir mais aussi la perfidie de ces dernières comme dans Thérèse Raquin.
L'écriture est ciselée, majestueuse. Les personnages sont si superbement campés qu'on cesse de croire qu'il s'agit d'une fiction. L'histoire est intemporelle: ce sont des histoires que l'on pourrait retrouver dans nos faits divers actuels.
Ce roman m'a immédiatement fait penser à Match point de Woody Allen. Zola novateur ou Allen inspiré? Quelle que soit la réponse, La Bête humaine est un chef d'œuvre.
Ne craignons plus Zola!!!!!