Cette étude britannique, de la Keele University, publiée dans la revue BMC Pediatrics a été la première à alerter. Trop d’alu dans les préparations pour nourrissons, mettaient il y a quelques mois en garde ces experts après évaluation de 30 préparations pour nourrissons. Aujourd’hui une enquête française, menée par 60 millions de consommateurs, aboutit aux mêmes résultats, soit à la présence d’aluminium dans plus de la moitié des références analysées. Chercheurs britanniques et consommateurs français sont donc d’accord, la réglementation doit être révisée.
60 Millions de consommateurs a analysé 38 laits infantiles en poudre (1er et 2e âge) et 9 laits liquides de croissance (adaptés aux 1-3 ans) vendus sur le marché français. Si les laits de croissance sont « hors de cause », un lait infantile sur 2 présente des traces d’aluminium.
· L’étude britannique avait évalué à 0,69 μg/g à 5,27 μg par g, la concentration en aluminium dans les laits en poudre, ce qui représente une exposition pour l’enfant estimée de 64 à 408 μg d’aluminium par période de 24 heures à la naissance, et de 80 à 725 μg d’aluminium par période de 24 heures à l’âge de 6 mois.
· L’estimation est comparable en France, à 897 μg d’aluminium par semaine pour un bébé de 6 mois.
· Ce qui représente pour l’enfant, pour les laits à plus forte concentration en aluminium, environ un tiers de de la dose tolérable hebdomadaire d’aluminium fixée par l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) à 1 mg par kilo de poids corporel.
La principale voie d’exposition à l’aluminium est l’alimentation : Si l’aluminium est naturellement présent dans l’environnement et est utilisé dans de nombreuses activités, dans le traitement de l’eau, la fabrication du papier, les additifs alimentaires et certains produits pharmaceutiques, la principale voie d’exposition à l’aluminium est l’alimentation. La concentration d’aluminium dans l’eau potable ne représente en effet qu’une source mineure de l’exposition. L’exposition totale à l’aluminium toutes sources confondues a été estimé dans plusieurs pays et à partir d’un panier moyen et d’études sur l’alimentation dans certains pays européen, dont la France. C’est en France, et au Royaume-Uni, que l’EFSA identifie les expositions alimentaires les plus élevées (au 95è percentile) chez les plus jeunes:
· pour les enfants français, âgés de 3-15 ans : 2,3 mg / kg / semaine
· pour les nourrissons au Royaume-Uni : 1,7 mg / kg / semaine
· pour les enfants au Royaume-Uni, de 4-18 ans : 1.7 mg/kg/semaine.
Quels risques ? Des effets neurotoxiques ainsi que des effets sur les testicules, l’embryon et le développement du système nerveux ont été observés chez l’animal. Les effets chez l’Homme (neurotoxicité, atteinte osseuse, anémie) sont connus chez les insuffisants rénaux, exposés de façon chronique à l’aluminium, ainsi que chez les prématurés alimentés par voie parentérale. Ainsi, la dose de 5 μg Al/kg pc./j. est la limite considérée sans risque par l’Agence américaine FDA pour les solutés par voie parentérale pour les 2 populations dont la fonction rénale est diminuée : les enfants prématurés et les insuffisants rénaux.
Enfin, l’Agence de sécurité alimentaire EFSA a considéré que les résultats de génotoxicité obtenus dans les essais avec l’aluminium ne sont probablement pas pertinents pour l’Homme exposé par voie alimentaire. Les données manquent donc, en particulier chez les nourrissons. Le mieux, quand c’est possible, reste donc l’allaitement maternel. En attendant, le principe de précaution s’impose.
Sources: 60 millions de Consommateurs Laits pour nourrissons : trop d’alu dans les laits infantiles (Visuel© PhotographyByMK – Fotolia.com)
BMC Pediatrics October 8 2013 doi:10.1186/1471-2431-13-162The aluminium content of infant formulas remains too high
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