Ce samedi 22 février se tenait une manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dans le centre de Nantes. Celle-ci a très vite dégénéré.
Début de la manifestation dans une ambiance festive
Vers 11h environ 110 tracteurs de la périphérie Nantes-nord et des rennais convergent vers Nantes pour rejoindre le convoi. Ils seront en tout environ 500 vers la fin de la matinée au quai Duguay-Trouin. Pendant ce temps les camions des forces de l’ordre commencent à arriver dans le centre-ville et à se mettre en place. Le cours des 50 otages est barricadé. Un milliers d’hommes sont présents pour assurer la sécurité et l’ordre. Les transports en commun sont coupés pour la plupart avant le centre ville.
Barricade rue du Calvaire
Au préalable, la préfecture Loire-Atlantique avait modifié le trajet afin que le convoi ne passe pas par l’hypercentre, compte tenu de la composante anti-capitaliste qui y était attendu.
Vers 13h le convoi commence à se réunir devant la préfecture puis part de la rue de Strasbourg vers la place de la Petite Hollande. La bonne humeur est au rendez-vous avec des clowns, des masques d’animaux, de la musique et des banderoles à l’attention de l’ancien maire de Nantes « Ayraultport non merci » ou encore « Ayraultporc ». On voit apparaître des personnes politiques telles que Jean-Luc Mélenchon, Eva Joly, Jean-Vincent Plavé, José Bové ou encore Chrisitan Troadec leader des bonnets rouges, venu à titre personnel. De nombreuses familles sont présentes, et les manifestants viennent de toute la France.
Un carnage sans précédent
Vers 15h la situation dégénère en passant au niveau de la place du commerce et une partie des manifestants se sont réunis à Hôtel Dieu. Des petits groupes envoient des projectiles sur le barrage des forces de l’ordre. Bouteilles, canettes, billes d’acier, fusée de détresse fusent. Les policiers et CRS répondent par les canons à eau et par lacrymogène. Une source nous explique « qu’il y avait un grand mur en plexi d’environ 3m de haut pour bloquer les manifestants qui tapaient dessus, après ça a dégénéré ils ont sortis les canons à eau, les gens hurlaient, ils nous ont fait reculer et on a commencé à recevoir un peu de lacrymogène avec le vent ».
Le poste de police, l’agence Vinci et quelques boutiques voient leurs devantures saccagées. Une grue et une foreuse de chantier sont incendiées. Un véhicule est incendié devant le tribunal administratif.
Au niveau de la ligne 1, à l’arrêt commerce, des groupes commencent à enlever les pavés du sol afin de les envoyer sur les forces de l’ordre, pendant que d’autres brûlent les aubettes de bus, et une voiture de la tan. Même scénario dans la rue Kervégan, une des plus ancienne rue de Nantes a vu ses pavés historiques arrachés du sol.
Rue Kervegan
Rue Kervegan
Commerce ligne 1
Vers 17h, une personne présente sur place nous raconte « la manifestation était finie, ils étaient tous sur le parking de la Petite Hollande, Commerce ligne 1 ou encore Hôtel Dieu. Les manifestants commençaient à partir car c’est devenu violent. J’ai vu que des gens cagoulés mettaient le feu à la tan et détruisaient toutes les vitrines. Après je suis allée à Hôtel Dieu et là c’était pire que tout ils ont commencé à vouloir mettre le feu à la fac de médecine, et il y avait des affrontements entre les policiers et les radicaux donc je ne suis pas restée ». Cette impression de chaos et de fin du monde est présente dans les esprits « les gens étaient à coups de marteaux entrain d’enlever les dalles du tram pour les jeter contre les flics.. Il y avait des explosions, le bruit des hélicos… ». Un autre nous raconte qu’au “début on commence par croiser quelques tracteurs et manifestants remontés ou non mais plutôt pacifistes, puis on arrive à la ligne 1 à commerce là ça commence à barder, des armés de CRS bloquaient quasiment toutes les rues, et de nombreux projectiles volaient. Certains enlevaient les pavés au marteau ou au burin pour faire des munitions à lancer, ainsi que beaucoup de bouteilles de verre, les CRS répliquaient une bonne grenade lacrymo, j’ai même vu un gamin pas plus vieux de 16 ans chargé un mur de CRS rue Kervegan armé d’un énorme panneau de signalisation. Y avait encore des familles avec des gosses par dizaine dans la rue alors que des projectiles volaient du côté de la fnac. Après cette poussée des CRS, les casseurs se sont retranchés sur la place de la Petite Hollande.Et là on a pu constater l’ampleur des dégâts, les pires étaient deux agences de voyage et celle de la tan où les vitrines étaient éventrées avec le feu à l’intérieur. Tous les meubles et ordinateurs gisaient dans la rue, et certains employés recherchaient des papiers importants ou des effets personnels je pense.”
Aubette de bus commerce ligne 1
Le bilan de cette manifestation
On dénombre 10 blessés au sein des forces de l’ordre et 14 personnes interpellées. Cette manifestation s’organise deux mois après la publication des arrêtés préfectoraux autorisant le début des travaux. Ces derniers n’ont toujours pas commencé. L’aéroport qui devait ouvrir en 2017 devra attendre minimum 2019-2020 avant d’être fonctionnel.
Julien Durand, le porte-parole de l’ACIPA (principale organisation opposé à l’aéroport de Notre-Dame des Landes) explique que « peu importe ce que dira la préfecture, pour vous tous et toutes c’est un grand succès ». La préfecture quant à elle déplore que « la fête est gâchée, les organisateurs sont débordés par la frange radicale sur laquelle ils s’appuient dès le début de ce mouvement ».
La ville de Nantes et son maire portent plainte contre X face à toutes ces dégradations. Le préfet de Loire-Atlantique dénonce que des gens étaient « préparés et armés pour casser ».
Sources photos : personnelles, France TV Infos, Presse Océan
Aussi disponible sur Radio VL : http://www.radiovl.fr/nantes-ville-dans-le-chaos-apres-la-manifestation-laeroport/