Ces chercheurs de l’Université de Washington se sont posé la question, souvent débattue, apporter des soins aux patients est-il un facteur indépendant de stress psychologique ? Cela dépend, suggèrent les conclusions de cette étude, publiées dans les Annals of Behavioral Medicine. Des conclusions qui mettent fin à l’idée reçue que l’exercice des soins, en soi, entraîne forcément une détresse psychologique. En revanche, l’étude rappelle le poids des vulnérabilités génétiques, environnementales, et des conditions d’exercice.
Selon Peter Vitaliano, professeur de psychiatrie et de psychologie à l’Université de Washington, il n’y a aucune preuve scientifique que donner des soins puisse provoquer une détresse psychologique. Il le démontre avec cette étude menée auprès de 1.228 participantes jumelles, dont certaines étaient des soignants, et d’autres pas. En examinant 408 paires de jumelles monozygotes et 206 paires de jumelles dizygotes, les chercheurs ont pu évaluer leur niveau de détresse psychologique, le rapprocher de leur profession, de leur profil génétique et des facteurs environnementaux auxquelles ces participantes avaient été exposées. L’analyse montre que,
· les associations entre l’exercice du soin et les différents types de détresse psychologique (dépression, anxiété, stress perçu et santé mentale) sont bien là, mais dépendent aussi, en grande partie, des gènes et de l’éducation et beaucoup moins de la difficulté de l’exercice.
· Cependant, chez les participants soignants ayant déjà des antécédents de dépression, la prestation de soins peut être « comme mettre du sel sur la plaie », résume l’auteur. Mais sans antécédents de dépression, les soignants ne semblent pas plus à risque que les témoins.
· Les gènes interviennent pour une grande partie du risque de dépression, précise l’auteur, l’exercice du soin sera plutôt facteur d’anxiété et sans prise en charge de cette anxiété, elle peut en effet évoluer vers la dépression.
· Quant au stress, il s’avère presque exclusivement lié à la nature de l’environnement dans lequel le sujet a grandi, à son éducation et à l’envionnement de son exercice.
Des résultats qui contredisent la croyance que prendre soin entraîne forcément chez le soignant une détresse psychologique. Des résultats qui confirment aussi ceux de précédentes études du même auteur. Le Dr Vitaliano soutient en effet que les conséquences psychologiques et psychiatriques sont plutôt fonction de l’exposition aux facteurs de stress et liées à des facteurs de vulnérabilité (environnement familial précoce, facteurs génétiques). Il rappelle enfin que la réponse au stress dépend aussi des ressources d’une personne, de sa capacité d’adaptation, du soutien social dont elle dispose et de son niveau socio-économique.
Source: Annals of Behavioral Medicine January 2014 DOI10.1007/s12160-013-9538-y Does caregiving cause psychological distress? The case for familial and genetic vulnerabilities in female twins (Visuel NHS)
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