Du mardi 4 au samedi 8 mars, à l’Institut Lumière : M le maudit

Publié le 22 février 2014 par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Ma 4/03 à 14h30 – Me 5/03 à 21h – Je 6/03 à 19h – Ve 7/03 à 17h – Sa 8/03 à 20h30

Toutes les informations pratiques sur http://www.institut-lumiere.org/

M le maudit
Titre original : M Eine stadt sucht einen mörder

De Fritz Lang
Avec Peter Lorre, Otto Wernicke, Gustaf Gründgens

Allemagne, 1931, 1h45
Date de sortie France : 8 avril 1932

Synopsis :

Toute la presse ne parle que de ça : le maniaque tueur d’enfants, qui terrorise la ville depuis quelques temps, vient de faire une nouvelle victime. Chargé de l’enquête, le commissaire Lohmann multiplie les rafles dans les bas-fonds. Gênée par toute cette agitation la pègre décide de retrouver elle-même le criminel : elle charge les mendiants et les clochards de surveiller chaque coin de rue…

Revoir sur grand écran le terrible Peter Lorre et son sifflement angoissant…

A propos du film

Le film est inspiré d’un fait divers. Peter Kürten aurait tué pour la première fois à l’âge de 9 ans puis il aurait entrepris une véritable série de meurtres sadiques à 20 ans en 1913 tout en se mariant et en gardant une allure de bourgeois respectable. Dans les années 20, il terrorise la ville de Düsseldorf par des crimes particulièrement atroces, la police constate des actes de vampirisme, d’où son surnom de "vampire de Düsseldorf". Il est arrêté 14 mai 1930 et guillotiné le 2 juillet 1931 pour neuf meurtres, trois viols et sept tentatives de meurtres. Mais ses victimes seraient beaucoup plus nombreuses. Le caractère sexuel de ses crimes et le fait qu’il s’attaque non seulement à des jeunes filles mais aussi à des femmes et des hommes n’a pas été repris par Fritz Lang dans M le Maudit.

Dans les années 20 en Allemagne, des cinéastes ont formé un courant artistique qui avait d’abord été expérimenté par des peintres : l’expressionisme. Le Cabinet du docteur Caligari (1919) est l’un des films phare de l’expressionisme. Souvent inspirés de légendes ou de la littérature fantastique, ces films se distinguent par des lumières particulièrement contrastées, des décors graphiques et une esthétique fondée sur la représentation exacerbée des sentiments et des passions. Fritz Lang a réalisé plusieurs longs métrages de cette veine : parmi eux Les Trois Lumieres (1921), Le Docteur Mabuse (1923), Les Nibelungen (1923-1924) et Metropolis (1927). Si M le maudit n’est pas un film expressioniste, on y sent tout de même l’influence de ce courant notamment au niveau des lumières et des décors.

Une des questions que soulève ce film est celle de la justice et de la responsabilité des malades. Le criminel Hans Beckert est un malade qui dit tuer malgré lui. Mais est-il responsable des atrocités qu’il commet? Le tribunal populaire qui s’improvise pour le juger réclame la peine de mort à son encontre. Mais la police le soustrait à sa vindicte.  Et un carton mentionne "Maintenant nous devrons surveiller nos enfants". Dans son livre Cinéma et Histoire, Marc Ferro interprète cette phrase comme une méfiance de Fritz Lang à l’égard de la République de Weimar et sous-entend même qu’il aurait pu être influencé à ce sujet par sa seconde femme et scénariste Thea von Harbou. Il finira par se séparer d’elle car elle deviendra Nazie et voudra rester en Allemagne sous HitlerFritz Lang était particulièrement sensibilisé aux problèmes de la justice criminelle. Sa première femme s’était suicidée en le trouvant dans les bras de Thea von Harbou. Il avait ensuite été accusé de meurtre puis disculpé.

On peut voir dans M le Maudit un miroir et une critique de la société allemande de l’entre-deux-guerres.
Le groupe des truands qui contitue un véritable monde parallèle et dont les activités sont gênées par les crimes de Hans Beckert peut être rapproché du parti Nazi, et son chef Schrenke peut être apparenté à Hitler.
La particularité de ce film est de mettre sur un pied d’égalité la contre société de la pègre et les représentants de l’Etat. Ce lien est réalisé grâce à un montage parallèle avec les deux groupes partant à la recherche de Hans Beckert. Non seulement les fonctionnaires de la République de Weimar sont comparés aux truands, mais en plus ils sont peints sous des traits peu flatteurs car ils se montrent incapables de trouver l’assassin.

M le Maudit est le premier film parlant de Fritz Lang. Le réalisateur réussit ce premier coup d’essai grâce à une utilisation du son très maîtrisée. Ainsi il n’insère aucune musique superflue, la principale étant le thème que siffle le meurtrier.

Ce film qui date de 1932 a été d’abord censuré avec des scènes coupées puis interdit par Goebbels, une fois Hilter au pouvoir. Le cinéaste raconte dans le livre d’Eric Leguèbe Un Siècle de cinéma américain que Goebbels avait utilisé des séquences de M le Maudit dans un documentaire édifiant sur l’art dégénéré.

M le maudit est l’avant-dernier film de Fritz Lang avant son exil. Il tourne encore Le Testament du docteur Mabuse en 1933. Le réalisateur exerçant un certain ascendant sur les Nazis, Goebbels lui propose de prendre la direction du cinéma allemand bien qu’il soit Juif. Fritz Lang refuse et doit fuir l’Allemagne où il court désormais le risque d’être arrêté. Après une halte en France où il signe Liliom en 1934 avec Charles Boyer dans le rôle principal, il s’installe aux Etats-Unis où il va réaliser plus d’une vingtaine de longs métrages jusqu’à la fin des années 50 date à laquelle il retournera en Allemagne finir sa carrière.

Distribution

  • Peter Lorre (Hans Beckert)
  • Gustaf Gründgens (Schraenker)
  • Ellen Widmann (Madame Beckmann)
  • Inge Landgut (Elsie Beckmann)
  • Otto Wernicke (Inspecteur Karl Lohmann)
  • Franz Stein (le Ministre)
  • Theodor Loos (le Commissaire Groeber)
  • Friedrich Gnaß (Franz le voleur)
  • Theo Lingen (Bauernfaenger)
  • Rosa Valetti (Elisabeth Winkler).
45.745301 4.870454