Pélerins ou réfugiés dans le brouillard ?
Publié le 13 mai 2008 par Marc Lenot
C’était une exposition assez hétéroclite de vidéos au Bloomberg Space à Londres (finie depuis le 10 Mai). Quatre des cinq vidéastes présentaient des films assez incohérents, l’un juxtaposant un paysan syrien chrétien et des Africains Pentecôtalistes en prière dans une église londonienne (”seulement ça, sans conclusion ni explication”), deux autres des suites d’images sans grand lien, d’immeubles polonais ou de parkings américains, le quatrième des petites séquences d’étudiants chahutant violemment. Le tout dans un style haché, peu attirant.
Un seul sortait du lot,
Ben Rivers, avec deux vidéos en noir et blanc : l’une (This is my land) est le portrait d’un ermite des bois, de sa vie loin du monde, à petites touches, dans un paysage de début du monde. L’autre,
The coming race, a un aspect antique, granuleux, flou, fantomatique. L’image émerge d’un brouillard intense, et s’estompe à nouveau parfois dans la brume. Sur une montagne caillouteuse sans végétation, une troupe d’hommes marche. ce ne sont que des points à peine distincts d’abord, on se rapproche
parfois et on distingue des habits rustiques, de gros souliers à clous, des bâtons de randonnée. Ils avancent vers la crête, vers le sommet, sans répit. Sont-ce des pèlerins cheminant vers un sanctuaire, des réfugiés franchissant une frontière ou fuyant ? On ne sait. Parfois, quelques-uns, guides ou passeurs, les activent, allant et venant le long de la colonne. Et le vent souffle, envahissant la bande son, courbant les corps, faisant vaciller les hommes. Quelle est l’histoire ? On ne sait. Mais l’atmosphère mystérieuse est magnifiquement créée, et avec des moyens simples, directs et efficaces.
Photos de l’auteur.