Le don d'organes n'a pas vraiment la cote avec ce roman qui le montre sous son plus mauvais jour. Sombre, amer, révolté, le narrateur n'aime guère ce qu'il voit dans ce monde - l'affiche publicitaire vulgaire de Bigard, le crachat d'un passant sur des femmes yougoslaves mendiant avec leur enfant, les insultes racistes au cours de match de foot - ni ce qu'il y fait : voler aux vivants les restes d'un être cher.
Après Les Ames grises***, La petite fille de Monsieur Linh*** et le Rapport de Brocdeck****, c'est le quatrième roman que je lis de cet auteur, et celui que j'ai de loin le moins apprécié. Car si J'abandonne constitue le plus négatif de tous, il n'a rien d'inventif, ni de transcendant. Cette vision du don d'organe m'a aussitôt déplue, ayant rencontré des médecins et infirmières se battant chaque jour pour sauver des vies en récupérant les organes sains d'autres. Le roman lui-même m'a semblé recenser tout ce que l'auteur comme tout un chacun peut exécrer dans la société, devenant un condensé de ce qui peut lui donner la nausée au quotidien, avec en arrière-plan la douceur et l'innocence de cette petite fille, comme une thème vu et revu dans ses autres romans depuis.
Un roman coup de gueule qui m'a laissée impassible.