Veuf et père d'une fillette gardée par une nounou accro au piercing et au roller, il exerce un métier qui le dégoûte, qui l'assimile à une hyène :
c'est lui qui, aux côtés de son collègue qui a tout du bôf, va annoncer à un père, à une mère, qu'ils viennent de perdre un fils, une fille, un proche et les préparer doucement à donner leur
accord pour un don d'organes.
Le don d'organes n'a pas vraiment la cote avec ce roman qui le montre sous son plus mauvais jour. Sombre, amer, révolté, le narrateur n'aime guère ce qu'il voit dans ce monde - l'affiche
publicitaire vulgaire de Bigard, le crachat d'un passant sur des femmes yougoslaves mendiant avec leur enfant, les insultes racistes au cours de match de foot - ni ce qu'il y fait : voler aux
vivants les restes d'un être cher.
Après Les Ames grises***, La petite fille de
Monsieur Linh*** et le Rapport de Brocdeck****, c'est le quatrième roman que je lis de cet
auteur, et celui que j'ai de loin le moins apprécié. Car si J'abandonne constitue le plus négatif de tous, il n'a rien d'inventif, ni de transcendant. Cette vision du don d'organe
m'a aussitôt déplue, ayant rencontré des médecins et infirmières
se battant chaque jour pour sauver des vies en récupérant les organes sains d'autres. Le roman lui-même m'a semblé recenser tout ce que l'auteur comme tout un chacun peut exécrer dans la société,
devenant un condensé de ce qui peut lui donner la nausée au quotidien, avec en arrière-plan la douceur et l'innocence de cette petite fille, comme une thème vu et revu dans ses autres romans
depuis.
Un roman coup de gueule qui m'a laissée impassible.