Magazine Conso
Cet article introduit un dossier que nous allons consacrer au thème de l'opposition frontale entre deux modes de bouchage de bouteilles : le traditionnel bouchon de liège et la capsule à vis, nouvel entrant, qui gagne de plus en plus de parts de marché. Le débat est récurrent et concerne de manière frontale tous les acteurs (et condommateurs) de vin.
Le point de départ de ce dossier est un article, écrit par un journaliste néo-zélandais, Keith Stewart (photo). S'appuyant sur une étude universitaire réalisée en 2000: il sort un scoop: le joint des capsules à vis, en contact avec le vin, serait cancérigène. Ce mode de bouchage présenterait un risque de cancer de la prostate et du sein notamment.
L'article paru début mai a évidemment déclenché les protestations des principaux fournisseurs de bouchons métalliques en Nouvelle Zélande. Il faut savoir qu'à l'image de l'Australie dont 60% des bouteilles sont munies d'une capsule à vis, la Nouvelle-Zélande elle aussi privilégie ce mode de fermeture des bouteilles de vin.
L'affaire est complexe, car elle met en jeu des acteurs aux positions bien établies. Dès lors, seule une enquete et une remise en contexte peuvent permettre de répondre à ces questions:
-Keith Stewart est-il le porte voix des industriels du liège, qui voient avec crainte un débouché immense se refermer?
-Pourquoi l'étude, qui date de 2000 n'a-t-elle pas été utilisée avant?
-Pourquoi l'article de Keith Stewart a-t-il été spécialement repris par les médias anglais, parmi lesquels émerge depuis quelque temps un mouvement de rejet des vins du "nouveau monde"?
-Qui sont ces industries du liège? D'ou viennent-elles? Comment agissent-elles pour sauvegarder leurs interets?
-Pourquoi l'Australie et la Nouvelle Zélande sont-elles si actives pour promouvoir l'usage de la capsule à vis?
-Le groupe Alcan, géant canadien de l'aluminium et leader de la capsule à vis avec la marque Stelvin, a-t-il un role à jouer dans l'activisme de l'Australie et de la Nouvelle Zélande à vouloir imposer la capsule à vis?
Voilà quelques unes des questions sur lesquelles il va falloir se pencher... Pour cela, nous allons nous répartir les roles et tacher de comprendre les enjeux qui se répartissent sur trois échiquiers:
-l'échiquier géopolitique: le Portugal produit 54% du liège dans le monde. Des universités et des fédérations professionnelles présentes à Bruxelles sont les outils de son influence. La Nouvelle Zélande a été le fer de lance des capsules à vis, au travers notamment d'un groupe de pression dédié, la Screwcap Initiative.
-l'échiquier concurrentiel: Amorim, groupe portugais N°1 mondial exerce un lobbying important. Il s'est rallié une partie des prescripteurs du monde du vin grace à l'Académie Amorim. En face, Alcan est le leader incontesté des capsules à vis.
-l'échiquier sociétal: il existe un débat intense parmi les prescripteurs du secteur surtout depuis que Robert Parker a prédit l'avènement proche de la capsule à vis. Il y a un énorme travail à faire sur les perceptions des consommateurs.
Vaste programme... Si, sur l'un ou l'autre des aspects du problème, vous pouvez apporter des éléments de réponse,n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.
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