Un billet d’humeur de Bénédicte Cart.
Pour retourner dans mon pays natal, mon périple commence par le métro parisien. Imaginer une valise remplie, lourde, et moi. Résultat : des grimaces dans les escaliers, sauf que très régulièrement une âme charitable, masculine, s’empresse de porter ma valise, se souciant de l’état de ma colonne vertébrale déjà malmenée par la hauteur des chaussures. Bref, il y a quelques jours, à une heure de pointe, pas un individu ne m’a apporté son aide. Pourtant, j’ avais tout de la demoiselle en péril… alors j’ai râlé en mon for intérieur, mais soyez rassuré, je suis malgré tout arrivée à destination.
Mais alors pourquoi étais-je légèrement en colère? Faut-il que j’attende d’un homme qu’il porte ma valise ou puis-je le faire toute seule?
Oui, c’est agréable que quelqu’un se soucie de nous, mais est-ce que cela ne l’est pas davantage quand ce quelqu’un est soi-même? Et se soucier induit-il la notion de faiblesse ou d’infériorité dans le rapport homme/femme ?
Voici deux situations ; pour moi, il s’agit de galanterie, mais mes réactions diffèrent :
La première, lors d’un rendez-vous, monsieur paye mon verre mais de manière à ce que je le remarque, comme s’il me faisait une fleur (j’aurai préféré un bouquet dans ce cas…), il n’y avait là rien d exceptionnel, mais je me sentais comme une petite chose.
Deuxième situation: monsieur veut fumer avant d’aller boire un verre, mais je suis frigorifiée (état constant chez moi). Il le perçoit et me propose sa veste, il aurait pu me donner un sac de patates que ma réaction aurait été la même. J’ai dit merci et me suis exécutée.
Je me suis demandée si la galanterie signifiait infériorité de la femme. Une femme peut-elle être galante ? Pourquoi autant de débats et discussions sur l’égalité homme/femme ? D’où viennent ces différences entre les hommes et les femmes ?
A écouter mes semblables, le discours est emprunt de nombreux clichés :
- les hommes doivent nous faciliter la vie et pourtant n’en font jamais assez.
- les femmes veulent tout contrôler, « enfermer les hommes dans une tour dorée ».
En réalité, mesdames sont plutôt indépendantes et pour vous messieurs, la tour est plutôt confortable si la porte reste ouverte. Avons-nous si peur d’assumer pleinement notre individualité ? Pourquoi ne porterions-nous pas notre valise côte à côte?
Je me suis dit que c’était la faute de l’Histoire et que nous devions lutter pour déconstruire notre passé, mais avant, j’ai lu.
Les théories évolutionnistes, rien de bien nouveau, les cours de sciences, les histoires des grands hommes et femmes, trop compliquées, trop racontées.
En lisant Ayn Rand, j’ai perçu une réalité que je ne pouvais expliquer. Je devais donc lutter pour des idées nouvelles, sauf que la guerre, c’est fatiguant et pas pour moi.
Puis, j’ai découvert les théories de Bramble et Lierbermann, mais aussi les travaux David et Scott Carrier (je vous laisse le soin de vous renseigner sur leurs thèses, notamment en(re)lisant Né pour courir de Christopher McDougall).
Voilà comment je pense le débat :
Sujet : les courses chez Mammouth (en sous-titré, avec quelques libertés prises quant au langage employé).
Scénario 1 :
- chéri, organisons-nous, toi boucherie, moi fruits/légumes, retrouvons-nous dans 5 heures, il faut que je cuisine ensuite (je contrôle, moi, femme plus intelligente).
- oui. (très bavard, notre homme des cavernes)
Scénario 2 :
- chéri, j’ai besoin de protéines ?
- Oui, d abord chasse ensuite végétaux. On lève le camp?
- Oui.
J’imagine, la femme ayant un besoin physiologique plus important en protéines, que son besoin décidait même des moments de chasse.
Mais pourquoi l’homme et la femme ne seraient-ils pas partis chasser ensemble? Pourquoi l’homme chassant et la femme cueillant est la théorie culturellement acceptée?
Reprenons, l’individu est né pour courir, il possède une intelligence et doit répondre à des besoins. Il met son intelligence au service de ses capacités biologiques pour répondre à ses besoins Si l’intelligence a permis de développer la chasse à l’épuisement chaque individu pouvait la pratiquer, sans distinction. La femme peut donc partir chasser autant que l’homme.
Alors pourquoi les relations homme/femme ont-elles dégénéré ?
Une piste de réponse serait que l’Homme met son intelligence au service d’une vie toujours plus facile, au sein de la collectivité. Nous n’abandonnons pas l’ancien, il perd son sens premier car indépendant de son contexte d’origine, pour intégrer une culture commune. Comme l’inconnu nous fait peur, nous trouvons des excuses justifiant nos images stéréotypées de l’homme ou de la femme, évitant de penser et de vivre simplement, comme des êtres humains.
Moi, j’ai choisi ma voie, l’assumer n’est pas simple et j’avoue profiter des moments, où jouant de ma condition féminine, j’arrive à mes fins. La victoire est sans saveur, car il n’y a pas de victoire.
Il n y’a pas de cause à défendre, pas de différence, pas d’entité féminine comme me l’a justement souligné un commentaire, au sujet d’un précédent article.
Chers lecteurs, mon avis est ce qu’il est, fragile par bien des aspects, mais je crois ne plus avoir peur de partir chasser un avenir côte à côte, et cueillir ensemble une vie meilleure.