Violette // De Martin Provost. Avec Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain.
Si l’idée de mettre en lumière une écrivaine méconnue (ou presque) du grand public est intéressant, Martin Provost se heurte aux poncifs du téléfilm pantouflard et glacial. En
effet, aucune émotion ne s’échappe de ce film alors que le sujet avait pourtant largement de quoi faire. C’est un peu le genre de téléfilms du mercredi soir sur France 2,
produits de façon légèrement douteuse. Il y a des moyens mis en oeuvre c’est certain (notamment car Martin Provost s’est offert pas mal de choses pour reconstituer l’époque) mais
quand je vois encore une fois que l’argent du CNC part dans ce genre de trucs je me demande qui donne les chèques. Il faut tout de même être sacrément cinglé pour penser qu’un
tel scénario aurait pu donner un bon film. Le mérite derrière le film cependant c’est de donner envie de découvrir la littérature de Violette Leduc. Je n’avais pas été convaincu par le
Séraphine multi récompensé qu’il avait réalisé il y a de ça quelques années et ce n’est pas son biopic sur Violette Leduc qui va me faire changer d’avis,
malheureusement. Et puis le rythme est lancinant. Il ne se passe presque rien. Dès qu’un évènement vient bouleverser la vie de Violette, le film plonge dans une sorte de
chrysalide d’ennui.
Violette Leduc, née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain-des-Prés. Commence une relation intense entre les deux femmes
qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors
norme.
Et c’est comme ça tout le long. Je pense que le principal problème de ce point de vue là est d’avoir voulu faire un film de 2h. Le spectateur ne peut pas tenir au fond de son siège durant autant
de temps face à un tel déploiement académique. Ca ronronne donc à tous les chapitres du film (puisque celui-ci est divisé de la sorte au travers des rencontres que Violette va
faire). Il y a de la suite dans les idées mais l’on ne peut pas dire que cela soit franchement bien exploité. Au contraire cela alourdi le récit et l’on a souvent l’impression de passer du coq à
l’âne. Emmanuelle Devos dans tout ça, pour laquelle j’ai un peu de compassion, marmonne son texte. Il faut dire qu’elle a l’air complètement dépité, comme son personnage. Certes
la vie de Violette n’est pas très joyeuse mais tout de même, je pense qu’il y avait plus de lumière à donner à ce personnage. Car le ton employé par Martin
Provost est tout simplement fade. Cette impression de voir une tapisserie délavée mélangeant tout et rien sur la vie de cette femme qui aurait certainement mérité un hommage beaucoup
plus léger.
Du coup, Martin Provost tente de mettre tout ça en scène avec le plus petit des aplombs. Je me demande si le réalisateur n’était pas malade au moment où il a mis tout ça en
boite. Il n’y a aucune envergure, tout est filmé de façon rectiligne, fade et ennuyeuse. Il faut dire que Violette tombe dans les pièges du film académique alors que d’un biopic
on peut attendre tout le contraire généralement. C’est un piège que de réaliser un film de ce genre là. Ce qui me fait mal c’est qu’en France on est généralement bon dans le registre du biopic.
Finalement, on se rend compte que 2h c’est bien trop long pour une histoire qui n’avait pas besoin d’autant de temps. L’étirement du truc donne quelque chose qui, au bout d’une bonne demi-heure
donne déjà envie de claquer la porte. J’ai tenu jusqu’au bout mais je me demande comment j’ai pu faire même si cela m’a fait piquer du nez par moment… Avec des émotions cela aurait certainement
été beaucoup plus plaisant.
Note : 2/10. En bref, on s’ennui dans ce biopic glacial et académique.
Date de sortie : 6 novembre 2013