Une petite bombe est survenue dans l’actualité économique de ce mercredi 19 février : le rachat de WhatsApp par le géant Facebook, vous l’avez bien compris, pour la somme extraterrestre de 19 milliards de dollars. Est-ce le coup du siècle ou une arnaque dont a été victime Zuckerberg ? Analyse.
Jan Koum et Brian Acton, deux co-fondateurs opportunistes et revanchards
L’un débarque à 16 ans aux Etats-Unis d’une Ukraine communiste, l’autre grandit dans le Michigan et sort diplômé en informatique de Stanford, tout les oppose. Les grands esprits se rencontrent, en 1997, Acton fait passé Koum en entretien d’embauche chez Yahoo dans le cadre de sa sécurité informatique, plus rien ne les séparera.
En 2007, main dans la main, les deux décident de quitter l’entreprise pour rêver plus grand. En 2009, Jan Koum crée WhatsApp, une application encore bien loin da sa forme actuelle. Lassé et excédé par les attentes publicitaires sur ce type d’application, Jan Koum se base sur le concept du « Freemium » pour attirer l’attention des Smartphoners. A la base, une simple application permettant de partager des statuts gratuitement en temps réel avec ses contacts, du type « en réunion » ou « aux toilettes », instantanément et partout dans le monde. En parallèle, Brian Acton a le temps de se faire recaler par Twitter et… Facebook, le comble ! Les deux compères font équipe, très vite l’application se développe et acquiert sa propre messagerie instantanée qui va lui valoir un succès fulgurant, mais laissons parler les chiffres.
Ce rachat, symbole de la stratégie défensive de Zuckerberg
WhatsApp affole les compteurs. En 5 ans, l’appli ne réunit pas moins de 450 millions d’utilisateurs réguliers, bien plus que Facebook dans le même intervalle de temps. Chaque jour, ce sont 50 milliards de messages envoyés sur sa plate-forme, soit quasiment le nombre de SMS échangés dans le monde quotidiennement ! Ces chiffres ont de quoi donner le vertige tant la croissance de la start-up semble disproportionnée.
Et ces chiffres ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd, Zuckerberg qui n’a de cesse de vouloir protéger son joyau Facebook d’une éventuelle mauvaise passe. Et pour s’assurer de pérenniser le plus grand réseau de communication mondial interconnecté, quoi de mieux que de cibler les utilisateurs eux-mêmes par le biais de la messagerie. L’échec de Facebook Messenger et l’avis de non-recevoir de Snapchat d’une proposition d’achat de 3 milliards de dollars il y a quelques mois ont fini par convaincre Zuckerberg de mettre la main au portefeuille. 19 milliards : 6 en liquide, le reste en action. Soit 13 fois le bénéfice total net du géant Facebook en 2013. En voiture Acton, c’est Jan qui conduit c’est Mark qui régale ! Mais il y a tout de même de quoi s’interroger sur cette somme faramineuse et sur la stratégie économique de Facebook dans son ensemble.
Alors arnaque, crime ou botanique ?
Le pari de Zuckerberg semble de toute évidence très risqué. Miser autant d’argent sur la table pour acquérir WhatsApp peut même paraître comme une bêtise des plus flagrantes. Premièrement, on peut penser que Snapchat a pris une longueur d’avance auprès d’un public rajeuni, plus adepte des photos et vidéos éphémères, et qui ont adhéré à un concept plus « in » et branché.
Ensuite, tout laisse penser que le marché d’application de réseau social ou de communication est des plus instables. Facebook, Twitter, LinkedIn, Vine, Instagram, Snapchat, Viber… Toutes sont susceptibles de passer de mode et tout peut aller très vite pour elles. Les 19 milliards ne sont donc sans doutes pas justifiés. La folie des grandeurs s’est emparé de Zuckerberg et de sa soif du « toujours plus ». Espérons pour lui que sa peur existentielle de l’échec ne l’emmène pas tout droit vers une gueule de bois dont il pourrait ne pas se remettre… Enfin, nous ne en sommes pas encore là.
La Brique