Des sportifs ukrainiens boycottent la fin des jeux olympiques de Sotchi
Publié le 21 février 2014 par Gezale« Je les poursuivrai jusque dans les chiottes ». Chacun garde en mémoire cette citation devenue célébrissime de Vladimir Poutine au sujet des « terroristes Tchetchènes. » Les événements tragiques de Kiev ressortent de la même veine. L’ancien chef du KGB de l’Allemagne de l’Est a conservé des réflexes dominateurs. Bien sûr, diront certains, la situation ukrainienne est très compliquée. Et patati et patata. Bien sûr, la Russie et l’Union européenne n’ont pas les mêmes approches qu’elles soient politiques ou économiques. Raison de plus pour essayer de faire simple eu égard à la connaissance des événements et des raisons qui les motivent forcément relatives vues de Louviers. Que sait-on ? Que l’Ukraine compte 45 millions de sujets et autant de sujets de mécontentement. Que ce pays, arbitrairement coupé en deux par les géo-politiciens avec des Russophones (philes ?) à l’est et une région tournée vers l’union européenne…à l’ouest. Que la Russie de Poutine considère l’Ukraine comme un pays de sa zone d’influence, que la Crimée est une province quasiment russe, que le président de toutes les Russies ne transige pas quand il s’agit de s’assurer le pouvoir, la puissance, la pérennité des liens existant entre les deux pays. La force de frappe de la Russie : le gaz, les roubles et les kalach ! La force du gouvernement ukrainien, la corruption, la roublardise et la police. Car Ianoukovitch, le président ukrainien, est un oligarque parmi les oligarques. Il a le pouvoir, il veut le garder à tout prix, faisant fi de toutes les règles démocratiques en usage à l’ouest. Ce dictateur corrompu a joué le double jeu pendant des mois. Il a même réussi à faire croire à sa sincérité alors que l’histoire de sa vie débute dans la voyoucratie et le mensonge. Catherine Ashton n’a pas fini d’en apprendre sur les mœurs de ce tyran. Et l’Union européenne là-dedans ? Quand la Russie met 15 milliards de dollars sur la table, l’Europe propose 600 millions d’euros et exige des réformes. Il n’y a pas photo. Même si ces 15 milliards de dollars (pas encore totalement distribués d’ailleurs) serviront à rembourser des avances déjà effectuées au bénéfice de l’Ukraine. Certes, l’évolution dramatique des événements (des dizaines de morts sur la place de l’Indépendance hier) a conduit l’Union européenne à déléguer à Kiev ses meilleurs diplomates dont Laurent Fabius. Mais la décision de faire tirer à balles réelles sur les manifestants risque bien de fermer toutes les issues négociées. L’UE prive de visas les principaux responsables de la police ukrainienne, bloque les avoirs financiers des corrompus ! La belle affaire. Au point où ils en sont c’est-à-dire dos au mur, mais avec la bénédiction orthodoxe de Poutine qui joue aussi un double jeu, Ianoukovitch et sa bande vont s’accrocher au pouvoir et la jouer à la Bachar Al Assad. Quand j’ai proposé sur ce blog, récemment, de boycotter les jeux de Sotchi, on m’a ri au nez. Guaino juge ces positions morales inadaptées et inutiles. Il n’empêche. Des sportifs ukrainiens ont décidé de quitter Sotchi hier par solidarité avec le peuple en lutte. Qu’est-ce d’autre qu’un boycott ? D’autres sportifs d’autres nationalités cherchent les moyens d’exprimer leur soutien aux supporters de la démocratie et des droits de l’homme. En n’étant pas présents lors de la cérémonie de clôture par exemple…ou en manifestant de manière originale leur opposition à la répression sanglante en cours à Kiev. Qui rira demain ? Et si les russes entraient en Ukraine ? Et si les Russes envoyaient leurs chars sur la Place de l’Indépendance ? Vue de l’esprit ? N’oublions pas que l’Ossétie du sud est maintenant sous le joug russe. Et que Poutine « poursuivra les terroristes (sic) jusque dans les chiottes. » On apprenait en fin de matinée que Ianoukovitch a publié un communiqué annonçant un retour à la constitution de 2004 et des élections anticipées sans en préciser la date. Le président Polonais qui préside l’UE prétend, lui, que rien n’est acquis. Connaissant Ianoukovitch, la prudence est plus que jamais, mère de sureté.