Souleiman BENCHEIKH est journaliste de formation et de profession, ce qui est rare chez nous et mérite d’être souligné.
Est-il un bon journaliste? Il faut bien le croire au vu de son cursus : collaborateur de TEL QUEL et du JOURNAL HEBDOMADAIRE les fleurons de ce qu’il est convenu de nommer “presse indépendante”, correspondant de L’EXPRESS, co-fondateur et ex-directeur de la rédaction de ZAMANE, la première publication marocaine spécialisée en histoire , intervenant sur JEUNE AFRIQUE et rédacteur en chef éphémère de LUXE RADIO, lauréat du premier prix Press Now 2008!
Beau palmarès, en effet , pour un journaliste.
Mais cela suffit-il pour faire de Soulaiman BENCHEIKH un analyste politique, même s’il se proclame “adepte du journalisme analytique”?
“LE DILEMME DU ROI – ou la monarchie marocaine à l’épreuve“ paru au début de l’année 2014 chez Casa Express Éditions montre que les limites entre les deux disciplines ne sont pas poreuses et que l’osmose n’est pas assurée!
![Quand un journaliste se targue de faire de l’analyse politique….. dilemme](http://media.paperblog.fr/i/701/7015377/journaliste-targue-faire-lanalyse-politique-L-GK6k6E.jpeg)
Pour juger le livre de Soulaiman BENCHEIKH, je ne suis pas lié par un quelconque corporatisme – même si l’auteur est blogueur – qui me pousserait à en dire du bien. D’autres le font avec enthousiasme et j’en suis convaincu avec conviction.
Ainsi LEMAG.ma y voit-il “la confluence de l’histoire, des sciences politiques et du journalisme”.
Pour ONORIENT.com, le livre serait “un court essai qui a tout pour devenir une référence”.
Mon jugement est donc neutre, celui d’un lecteur lambda intéressé par le sujet et attiré par le titre.
En ce qui me concerne, j’estime que la lecture de ce petit livre n’apporte rien de nouveau sous le ciel trouble de la vie politique du Maroc : Soulaiman BENCHEICH focalise sur le souverain alors que la nature même du régime marocaine s’articule sur la personne et le rôle central du souverain.
Il s’agit là d’une évidence historique qui dure depuis des siècles et ce n’est pas en 150 pages que l’on peut “analyser” cette situation.
En fait, Soulaiman BENCHEICH n’a pas su ou pu se départir de son parti pris de “journaliste indépendant” – pour autant qu’il puisse exister des journalistes vraiment indépendants – lors de la rédaction de son livre.
On y retrouve des références à la “presse indépendante”, comme si elle était l’étalon à l’aune duquel il fallait jugé ce qui est bon ou pas pour ce pays!
Ainsi dès la page 13, il est rappelé que Abbas Fassi, premier ministre issu des élections de 2007 “s’attire très rapidement les foudre dite indépendante”. Les marocains n’avaient attendu la presse indépendante pour se faire une idée de ce premier ministre de pacotille.
Tout au long de son livre, Soulaiman BENCHEICH exécute des va-et-vient entre le passé et le présent, mélangeant sans trop préciser pourquoi et comment des anecdotes, des faits historiques, des confidences reçues sous le sceau de l’anonymat. L’histoire, la grande et surtout la petite, est plus présente que l’analyse.
Pour donner un semblant de rigueur, l’auteur ne lésine pas sur des citations d’auteurs marocains reconnus comme Abdellah Laroui i ou Mohamed Tozy, les mêlant à celles de mercenaires de la plume (ou du clavier) comme Ignace Dalle, Ignacio Cembrero et Eric Laurent à celles , ou de fossiles poussiéreux dont les analyses sont oubliées ou dépassées comme Walter Harris et Robert Montagne.
Le livre se ferme sur une double conclusion pour le moins surprenante dans sa formulation :
1/ le système marocain serait “complexe, ni tout à fait pyramidal ni circulaire“.
2/ tant que la loi organique fixant le “fonctionnement” du conseil de régence n’est pas votée, “‘il existe un vide juridique abyssal et porteur de tous les dangers“.
Et pour valider son travail ou le faire adouber par des autorités incontestables, Soulaiman BENCHEICH implique trois signatures connues : un militant associatif, un historien et un journaliste-dramaturge se sont aimablement prêté à son jeu.
A acheter donc (DH 100,-) et à lire avec les réserves habituelles à prendre avec ce genre de livre.