C’est avec grand plaisir que nous vous proposons aujourd’hui de découvrir, en exclusivité pour le blog, la première partie du second chapitre du roman de Unbreak Me qui paraitra le 6 Mars prochain aux éditions Hugo Roman.
Nous rappelons que le roman est ©Hugo Roman pour sa version française.
Unbreak Me de Lexi Ryan
2
William
Je suis addict.
Je suis ce con arrogant qui s’imagine qu’il peut contrôler son addiction. Je suis ce connard ignorant, persuadé qu’il est capable de jouer avec le feu sans succomber à la tentation.
Comment peut-on se tromper à ce point-là ?
Comme la plupart des addicts, je suis dans l’absolue incapacité de dire à quel moment cette addiction a démarré. Impossible de dire quand l’affection que j’avais pour elle s’est transformée en une attirance irrésistible et dangereuse. Était-ce quand, à quinze ans, elle est apparue dans ma chambre à la résidence universitaire de Notre-Dame ? La gamine d’à côté soudain transformée en une beauté aux courbes suggestives, aux yeux tristes et aux mains avides ? Ou quand je suis rentré de la fac et qu’elle est devenue partie intégrante de ma vie ? Ou bien cela n’a-t-il vraiment commencé que le jour où j’ai goûté à ses lèvres pour la première fois, dans le scintillement du soleil qui se reflétait sur le fleuve, et la brise qui jouait dans nos cheveux. Peut-être n’y a-t-il pas de véritable point de départ aux addictions ? En tout cas, il est certain qu’elles sont sans fin.
Soudain, la porte de la salle de bains s’entrouvre et me ramène au moment présent, me rappelant qui je suis et où je suis.
Krystal me regarde fixement, les bras serrés autour d’elle. Elle sort d’une longue douche chaude, mais semble glacée jusqu’aux os.
– Tu pourrais au moins faire semblant d’être déçu, tu sais.
Elle est furax. On le serait à moins. Ce jour comptait tellement pour elle. Elle avait tout planifié dans le moindre détail, comme si la perfection de la cérémonie pouvait faire oublier que j’avais d’abord été fiancé à sa sœur. Mais la journée à été un désastre. Et personne n’a rien oublié.
– Mais je suis déçu.
Je me rends bien compte que ma protestation manque de conviction. Pourtant je suis sincère.
– Dis-moi la vérité.
Elle s’assoit sur le lit, emmitouflée dans le peignoir en éponge de l’hôtel, trop grand pour elle.
– Es-tu soulagé ? Comme si tu venais d’esquiver une balle ?
Sa voix tremble, visiblement elle lutte pour retenir ses larmes et je me dis que je suis le roi des cons.
– Ne dis pas de bêtises, lui dis-je en lui prenant la main et en pressant ses doigts. Tu sais bien que je désire t’épouser.
Elle scrute mon visage de ses grands yeux bruns, cherchant à y déceler un signe de rechute.
– Tu n’es plus le même depuis qu’elle est revenue.
Nous savons tous les deux qu’il n’y a pas de façon satisfaisante de réagir à cette affirmation. Si j’acquiesce, je ne ferai que confirmer ses doutes. Si je nie, ce mensonge contribuera à creuser un fossé entre nous.
– J’ai vraiment l’intention de t’épouser, Krystal. Recommençons tout. Organisons une nouvelle cérémonie. Une nouvelle réception. Tout ce que tu voudras.
Elle cligne des yeux et m’adresse un sourire forcé.
– D’accord.
– Je t’aime.
Le ton de ma voix semble un peu désespéré à mes propres oreilles. Je le suis peut-être.
Elle pose la tête sur mon épaule et je frissonne quand l’humidité de ses cheveux traverse ma chemise. Il y a un mois, cette intimité suffisait à notre bonheur. Il y a un mois, lorsque je disais à Krysal que je l’aimais, je n’avais pas sur l’épaule un démon occupé à comparer cet amour avec celui que je portais à une autre. Il y a un mois, Maggie n’existait plus pour moi.
Je ferme les yeux, bien décidé à ne penser qu’à Krystal, à l’amour que j’éprouve pour elle, à celui qu’elle éprouve pour moi. À notre avenir. Mais, en fait, c’est Maggie que je vois. Maggie allongée près de la rivière après la pluie, les cheveux étalés en un soleil rouge qui se découpe sur le vert de l’herbe luxuriante, tandis qu’elle écoute le murmure de l’eau. Je vois les taches de rousseur de Maggie, les yeux verts de Maggie qui brillent quand elle me regarde en riant.
Krystal renifle contre ma poitrine et je la serre contre moi, me concentrant sur la sensation que j’éprouve quand je la tiens dans mes bras. Je m’efforce de ne pas m’évader de ce moment passé avec cette femme. Mais ma mémoire est la plus forte, et c’est le souffle chaud de Maggie sur mes lèvres que je sens, Maggie qui roule sous moi dans l’herbe humide de rosée, la bouche de Maggie qui se pose sur la mienne.
– Je t’aime aussi, dit Krystal.
Mais c’est à peine si je l’entends tant le bruit de l’eau de la rivière est fort à mes oreilles.
Je suis addict et Maggie Thompson est ma drogue.
***
Maggie
Techniquement, c’est de la violation de domicile. Techniquement, ce genre d’infraction ne fait pas partie de ce que la Nouvelle Maggie est censée s’autoriser. Mais je n’ai pas le sentiment d’enfreindre la loi lorsque j’utilise la superbe piscine si bien entretenue du voisin alors que, premièrement, je le fais depuis que j’ai seize ans, et que deuxièmement, son proprio, monsieur Plein aux As, n’est jamais là. Au contraire, je me dis que je lui fais une fleur. Il doit dépenser des masses de fric pour entretenir cet endroit, mais il n’en profite jamais. Il est toujours parti, dans sa maison de Vail, ou je ne sais où. Ce serait du gâchis si, moi, je n’en profitais pas, tout ça pour de vagues détails techniques.
Je me hisse par-dessus la grille, tout émoustillée à l’idée de braver l’interdit. L’endroit est noyé dans une végétation luxuriante. L’eau descend en cascade depuis un jacuzzi chauffé, jusqu’à la piscine. C’est plus une pièce d’eau qu’un bassin de natation. Je ne connais pas ce monsieur Plein aux As, mais je dois reconnaître qu’il a bon goût, et cette petite oasis est un de mes endroits préférés.
J’aurais pu rentrer directement chez moi après la réception, mais je savais que je n’arriverais pas à dormir. Après avoir dit à ma mère que je préférais rester pour la nuit, j’ai attendu que tout le monde soit couché avant d’attraper un peignoir et de traverser les quelques mètres de pelouse pour une baignade au clair de lune.
J’ai toujours été sujette aux insomnies mais, depuis que je suis revenue, c’est pire que jamais. Le silence de la nuit donne libre cours à mes pensées. Elles s’amplifient et tournent dans ma tête jusqu’à occuper tout l’espace. Loin d’ici, j’étais libre d’être qui je voulais, mais à New Hope, où que j’aille, je suis cataloguée. Quand j’étais enfant, j’étais simplement une des filles Thompson, mais depuis, les étiquettes sont devenues moins anodines. Le mouton noir. La fille qui a laissé tomber la fac.
La pute.
Je laisse glisser mon peignoir sur le sol et je plonge, totalement nue. En général dans l’Indiana, jusqu’en juin, l’eau des piscines est glaciale. Mais ici l’eau qui vient du jacuzzi chauffé maintient une température agréable du printemps à l’automne. De toute façon, je me baignerais même si l’eau était froide. Il n’y a que l’activité physique qui me calme. Ce soir, je vais faire des longueurs pour chasser mes démons. Jusqu’à l’année dernière, je n’avais rien connu d’autre que la vie dans une petite ville de province, je devrais donc y être habituée. Mais on peut vous poignarder une centaine de fois, la douleur est aussi vive à chaque fois.
Simplement, je ne m’attendais pas à ce que ce soit Will qui tienne le couteau, cette fois.
Aime-t-il vraiment ma sœur ? Est-ce le dépit qui le pousse à l’épouser ?
A-t-il dit toute la vérité à Krystal au sujet de notre rupture ?
Tout en nageant et en m’étirant dans l’eau, je me pose la question que j’élude depuis des semaines.
Suis-je prête à vivre ici, avec Will et Krystal qui filent le parfait amour sous mes yeux ?
Je compte vingt-cinq longueurs. Le rythme régulier de ma respiration me calme. L’eau qui coule sur ma peau apaise mes blessures. Finalement, je m’arrête et pose mes avant-bras sur le bord du bassin pour reprendre mon souffle, totalement absorbée par ma respiration et l’eau qui goutte sur mon visage.
– Vous vous entraînez pour les JO ?
Prise au dépourvu, je relève la tête brusquement. Dans la lueur de la lune je discerne la silhouette de l’inconnu rencontré au mariage. Il est là, à quelques mètres de moi, en maillot de bain, une serviette autour du cou. Je constate que j’avais raison à propos des tatouages. Une sorte de constellation d’étoiles orne son pectoral gauche, et une autre encercle son biceps impressionnant.
– Ça vous arrive souvent d’espionner les filles ?
– Seulement celles qui ont quelque chose de spécial.
Il laisse tomber sa serviette sur une chaise longue et plonge dans le bassin. Quand il refait surface, mon cœur s’emballe. Il est près de moi. Si près que je pourrais le toucher en tendant la main. Mais tout en explorant du regard sa large poitrine et ses épaules sculpturales, je recule.
– Qu’est-ce que vous faites ici ?
Il fronce les sourcils.
– J’habite ici.
Je ricane.
– Ben voyons !
Mais son visage reste impassible.
– Oh, putain! Sérieux ? Vous êtes monsieur Plein aux As ?
– Monsieur quoi ?
Il a l’air décontenancé. Et agacé. Un fou rire me prend. Je me suis toujours représenté le propriétaire de ces lieux sous les traits d’un vieux monsieur à cheveux blancs, avec cane et monocle. Asher est si éloigné de cette image que je n’arrive pas à garder mon sérieux.
– Oh ! Je suis désolée. C’est juste que je…
Je ne peux finir ma phrase tellement je ris et cela fait un bien fou. La natation a détendu mes muscles, apaisé mon esprit et rire est comme une jouissance immorale que je me suis interdite depuis trop longtemps.
– Il y a longtemps que vous n’êtes pas venue nager, dit-il doucement.
Mon rire s’interrompt brusquement.
– Vous me surveillez ?
Je devrais me sentir outragée. Mais l’idée que cet homme-là m’observe lorsque je nage nue dans sa piscine excite mes sens et fait courir mon sang plus vite dans mes veines.
Asher secoue la tête en scrutant mon visage.
– Mon jardinier m’a dit qu’une jeune fille venait nager en douce environ une fois par semaine. Je suppose que c’est de vous qu’il s’agissait.
– Ouais, dis-je doucement.
– Pourquoi avez-vous arrêté ?
– J’ai quitté la ville pendant un moment.
– Pour partir à la découverte du monde ?
Je secoue la tête.
– J’ai fait une fugue.
Il hoche la tête comme si ma réponse était parfaitement sensée et j’ai le sentiment que non seulement il accepte cette explication, mais qu’il comprend de quoi je parle. Ses yeux s’arrêtent un instant sur ma bouche, puis descendent vers l’eau et mes seins nus. Il retient sa respiration. Je suis envahie par l’excitation que procure la sensation d’être désirée, par l’impression trompeuse d’avoir de la valeur et, ce soir, je suis prête à faire semblant d’y croire. Brusquement, j’ai envie qu’il m’embrasse, qu’il me touche. Et même plus. J’ai envie de laisser un homme écraser ma solitude sous le poids de son corps. De le laisser effacer, de sa bouche, les souvenirs malheureux.
Le corps de cet homme-là. La bouche de cet homme-là.
– Je suis désolé d’avoir dû m’éclipser tout à l’heure, dit-il d’une voix basse et rauque en scrutant mon visage.
– Vous pouvez peut-être vous faire pardonner, je murmure en me rapprochant.
J’ai un moment d’hésitation, vite balayé par le regard sexy, gourmand, qu’il pose sur moi.
– Vous avez eu une dure journée, dit-il. Vous voulez qu’on parle ?
Je passe les bras autour de son cou.
– Qu’est-ce qui vous fait croire que j’ai envie de parler avec vous ?
Il pousse un grognement.
– Vous me regardez comme une femme affamée, attablée devant une côte de bœuf.
– Oui, dis-je dans un murmure. Et quel rapport avec le fait de parler ?
Il a un regard incroyablement sexy. Le genre de regard qu’on voit dans les magazines où l’homme sur la photo semble vous inviter à vous débarrasser de tous vos vêtements, tout en vous jurant que vous allez adorer ça.
– Vous ne voulez pas que nous fassions plus ample connaissance avant de satisfaire votre appétit ?
Je fais semblant de réfléchir à sa proposition.
– En fait, je suis plus intéressée par le repas que par la conversation.
– Vous êtes une gamine.
Cette objection, si c’en est une, n’a que peu de poids comparée à la pression que sa main exerce sur ma hanche.
J’accompagne du doigt une goutte d’eau qui descend sur son cou.
– J’ai vingt et un ans.
Je remonte les genoux et passe les jambes autour de sa taille, satisfaite lorsqu’il retient sa respiration avec un sifflement aigu.
– Est-ce à cause de lui que vous faites ça ? demande-t-il.
Je fronce les sourcils.
– Qui, lui ?
– Le fiancé de votre sœur ? Il y a quelque chose entre vous. Je l’ai vu dans vos yeux. Dans les siens aussi.
– William Bailey n’a rien à voir là-dedans.
Il n’a pas l’air convaincu, mais ne me contredit pas. Au lieu de cela, il effleure mes lèvres des siennes. Avec précaution. Avec douceur. Avec gentillesse.
C’est exactement ce que je redoute. Je sais que si on fait preuve de gentillesse avec moi ce soir, je vais m’effondrer, et je ne veux pas m’effondrer. Alors je lui mords la lèvre et je plante mes ongles dans ses omoplates. Un bref regard lui suffit pour saisir mon message. Il plonge une main dans mes cheveux et, de l’autre, il m’attrape par les fesses pour m’attirer contre lui. Sa queue durcit et se tend entre mes jambes, déclenchant en moi un afflux d’énergie palpitante.
Il frotte sa langue contre la mienne et un gémissement s’échappe de ses lèvres. À moins que ce ne soit des miennes, parce que je l’attire plus près, contre moi. Je resserre mes bras autour de son cou et je lui grimpe pratiquement dessus dans mes efforts pour être encore plus près, toujours plus près.
Je m’oblige à interrompre notre baiser et je m’écarte de lui. Je ne suis pas du genre à perdre le contrôle. Je ne perds pas la tête à cause d’un homme en espérant qu’il me sauve. Je ne veux pas qu’Asher me sauve.
Ses doigts descendent sur ma hanche en suivant un chemin invisible, et se rapprochent de plus en plus de cette tension brûlante entre mes cuisses. Il écarte les lèvres et nos souffles se mélangent, tandis que je savoure la chaleur de son corps contre le mien et la douce anticipation de ses doigts, de plus en plus proches de l’endroit où je veux qu’ils soient.
Je glisse la main sur sa poitrine nue et passe entre nos corps collés l’un à l’autre, pour aller le prendre dans ma paume à travers son maillot de bain. Il me gratifie d’un nouveau souffle haletant, et ses lèvres, et sa langue, chaudes et désespérées dans mon cou, mordillent, jouent, excitent. Électrisant ma peau hyper sensible à cet endroit.
Il prend mes seins dans ses mains et, cette fois, je sais avec certitude que le gémissement que j’entends vient de moi.
– Tu es tellement sexy, bordel !
Son pouce se balade sur la pointe de mon sein et un son étranglé s’échappe de sa gorge. Je glisse le bout des doigts sous la ceinture de son maillot de bain. Je veux le sentir dans ma main. Je veux que sa puissance me pénètre au moment où j’encercle de mes doigts son sexe chaud qui durcit et enfle en palpitant.
Pendant un moment, la suite des événements ne fait pas de doute. Ses mains parcourent mon corps avec avidité, sa bouche fait des choses délicieuses dans mon cou.
– Tu as un préservatif ?
La tête penchée sur mon épaule, il se met à rire et arrête instantanément de me toucher. Lentement, il remonte les mains le long de mon dos.
– Ce n’est pas exactement le genre de chose que je garde dans mon maillot de bain.
Je suis si excitée que c’en est douloureux. Asher est canon. Massif. Délicieux. J’ai envie de planter mes dents dans son cou. D’explorer du bout des doigts la toison de sa poitrine tout en passant les lèvres sur son abdomen plat et musclé.
Mais il n’a pas de préservatif et ça, c’est rédhibitoire.
– Et dans la maison ? je demande, le souffle court.
Mon cœur bat la chamade.
Il prend mon visage dans une de ses grandes mains.
– Pourquoi n’irais-tu pas en vitesse chez toi pour t’habiller ? Je t’invite pour le petit déjeuner.
Je reste bouche bée. C’est qui ce mec ? Qui peut se ressaisir aussi facilement.
– Tu es sérieux ? Je veux dire, tu ne veux pas…
J’en perds l’usage de la parole, ce qui ne m’arrive pas souvent.
– Bien sûr, il y a un tas de trucs que j’aimerais faire. Mais, chérie, tu ne sais rien de moi.
– C’est une obsession, ma parole !
Je décroise les jambes d’autour de sa taille et me passe la main sur les yeux. C’est bien ma chance ! Je me dégotte un voyou et, en fait, il s’avère être un grand sentimental qui veut d’abord mieux me connaître. Eh bien soit, si ça peut lui faire plaisir. En plus, ça cadre mieux avec mon idée de la Nouvelle Maggie, non ?
– Ça tombe bien, je ne suis pas ce genre de fille de toute façon.
J’attends une seconde, mais la foudre ne tombe pas du ciel.
– Ok, je suis de retour dans un quart d’heure.
Un petit sourire narquois effleure ses lèvres.
– Qu’est-ce que j’ai dit ?
– Rien, mais c’est juste que je ne connais pas une seule femme capable de se préparer en un quart d’heure.
Je me hisse hors de l’eau.
– Je te parie le petit déj’. Si je mets plus d’un quart d’heure, c’est moi qui ferai la cuisine.
Asher promène son regard sur tout mon corps en s’arrêtant sur les endroits qui m’avantagent.
– Marché conclu.
A Suivre
Le roman sort le 6 Mars 2014 – Aux Éditions Hugo Roman
En exclusivité, vendredi prochain, la seconde partie du chapitre 2 de Unbreak Me sur le blog ! Soyez au rendez-vous !