Nombre de chercheurs en physique sont persuadés qu’ils détiennent seuls les moyens techniques pour révéler les secrets de la genèse à l’aide de leurs calculs, expériences et observations. Or, avant même qu’ils programment leurs télescopes spatiaux pour mesurer par exemple le plus infime écart de température des rayonnements dits fossiles, ils devraient se poser une question préalable. Celle-ci n’a rien de scientifique mais relève de principes rationnels à savoir : qu’est-ce que la création, quelles en sont les conditions ?
Toute création, naissance, genèse, suppose réunies trois conditions impératives.
1- Que le nouvel étant qui paraît ne puisse surgir du néant, qu’il ne saurait y avoir de génération spontanée. Il doit résulter d’un changement d’état, d’une transformation d’éléments, de matériaux, d’une substance déjà là.
2- Cette création doit être reproductible et ne saurait être unique, elle suppose la répétition du principe créatif si les conditions de l’émergence sont à nouveau réunies.
3- L’exigence de reproduction implique que l’étant créé ne soit pas éternel – il serait unique – il doit pouvoir disparaître de sorte que s’instaure un cycle : naissance – mort – naissance.
S’agissant de la genèse de l’univers et du mode de création de la matière, comment ces principes peuvent-ils s’appliquer ?
L’univers n’a pu surgir du néant, à quoi conduit la théorie du big bang puisque ex nihilo nihil fit. Il ne résulte pasd’autre part d’un changement d’un état antérieur puisque nous glisserions vers une régression à l’infini. Dés lors la première condition de la genèse n’est pas remplie. En conséquence les deux autres ne peuvent l’être également. En effet, sans naissance possible, il ne saurait y avoir cycle, mort et renaissance. On ne peut envisager un big crunch comme un repliement de l’univers et retour au temps zéro du big bang et au nihil de l’origine.
L’alternative est alors la suivant : soit l’univers n’est pas, soit il Est sans jamais être né. Il serait incréé et éternel. Cette dernière hypothèse est logiquement la seule vérifiable par notre expérience d’existant.
Ainsi, l’Etre éternel de l’univers ne participe pas du cycle mort/renaissance et par là-même à tout mouvement, transformation, évolution.
Si l’univers dans son principe d’être est immuable, il n’en peut être ainsi de la matière qui le compose. Celle-ci seule peut en effet remplir les trois conditions posées pour sa naissance à savoir :
1- La matière ne peut surgir du néant mais doit résulter d’un ailleurs d’elle- même, d’un changement d’état d’une substance disponible pour opérer cette mutation.
2- La création de matière doit être reproductible et ne saurait être unique, elle suppose la répétition du principe créatif si les conditions de l’émergence sont à nouveau réunies.
3- Elle doit pouvoir disparaître de sorte que s’instaure un cycle : naissance – mort – naissance.
Etant donné que la parution de la matière implique un changement d’état « d’autre chose » qu’elle-même, nous devons donc supposer l’existence d’une autre substance d’où elle serait issue. Nous avons nommé PREMATIERE cette substance dotée de propriétés assez radicalement différentes de la matière. Cette prématière, par définition, ne peut avoir été créée puisque ne pouvant à son tour surgir d’autre chose qu’elle-même. C’est donc cette prématière incréée qui est éternelle.
La naissance de la matière a bien pour origine un changement d’état de cette prématière et ce principe de production ne saurait être unique, il est indéfiniment reproductible si les conditions de l’émergence sont à nouveau réunies. De plus la matière doit pouvoir disparaître et rejoindre son état antérieur de prématière pour se conformer au cycle naissance/disparition. (Dans nos différents travaux nous avons démontré que ces conditions peuvent être parfaitement remplies).
En définitive, seule la matière est soumise au temps et au cycle de la création et de la vie. A l’inverse la prématière éternelle échappe aux contraintes du temps et de la création. Tout le mouvement dans l’univers est rendu possible par ce différentiel d’état entre ces deux substance, par cette dialectique permanente entre notre matière temporelle et l’éternité de la prématière. Ainsi notre compréhension de la genèse universelle échappe-t-elle à l’aporie d’une création ex nihilo.