Magazine France

Au coeur de l'affaire Pérol, un affairiste nommé Sarkozy.

Publié le 21 février 2014 par Juan
Au coeur de l'affaire Pérol, un affairiste nommé Sarkozy. Il était là pour affaire. La France semblait secondaire. C'est l'impression qui ressort après la lecture des extraits de la procédure qui accable François Pérol, ancien conseiller économique de Nicolas Sarkozy à l'Elysée qui fut propulsé président de la banque issue de la fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires.
1. Nicolas Sarkozy s'est servi de la position de faiblesse des Caisses d'Epargne pour virer leur président. A l'automne 2008, les Caisses d'Epargne perdent 800 millions d'euros à cause de l'un de leurs traders. Sarkozy obtient, sans difficulté, la démission de Charles Milhaud, qui est remplacé par Bernard Comolet.
2. Nicolas Sarkozy s'est servi de la position de faiblesse des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires pour imposer François Pérol à leur tête. Le chantage fut limpide, à en croire les témoignages recueillis par les juges et publiés par le Monde ce 19 février.
Ainsi  ce samedi 21 février 2009 à l'Elysée, Bernard Comolet (Caisses d'Epargne) et Philippe Dupont (Banques Populaires), "écoutent le président de la République dicter ses exigences." Les deux institutions ont besoin de 5 milliards pour faire face à la crise financière. Sarkozy leur dit banco, à condition qu'elles désignent Pérol à leur tête. La fusion était en route.
3. Avant le 6 mai 2012, le ministère de la Justice s'est opposé à la mise en examen de François Pérol. Une première plainte de l'association Anticor en 2009 a été classée sans suite. Puis, rappelle l'avocat d'Anticor, "les syndicats CGT et Sud des Caisses d'Epargne ont pris le relais en se constituant partie civile, rejoints par Anticor." Mais, explique-t-il, 
"le parquet a estimé que les syndicats étaient irrecevables". Deux ans et deux tribunaux plus tard, une information judiciaire est enfin ouverte en 2012. Début février 2014, François Pérol a été mis en examen  pour « prise illégale d'intérêt » dans le cadre de cette enquête sur les conditions de sa nomination à ce poste en 2009.
4. La nomination de François Pérol à la tête de l'entité fusionnée BPCE (Banques Populaires Caisses d'Epargne) n'a pas respecté les plus élémentaires règles de déontologie. A l'époque, la chose avait fait scandale. En quelques jours, en mars 2009, Pérol est successivement nommé à la tête des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne, puis président du conseil de surveillance de leur filiale commune Natixis. Nicolas Sarkozy et ses proches ont d'abord voulu faire croire que la Commission de déontologie avait donné son accord à ce transfert. C'était faux. La Commission de déontologie n'avait pas été consultée alors que son avis est requis en la matière. Le président de la commission, Olivier Fouquet, avait rendu un avis consultatif... défavorable. Plus tard, il raconte aux juges comment Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, l'avait appelé pour obtenir son aval. "M. Guéant ignorait tout du fonctionnement de la commission (…), du délai d'instruction des affaires". Guéant explique que la nomination de Pérol est prévu sous huitaine. La pression subie par Fouquet indigne Emmanuelle Mignon, pourtant ancienne proche collaboratrice de Nicolas Sarkozy.

5. Pérol se défend, il dément tout rôle actif. Simple conseiller du monarque, simple missionné par le Monarque. L'avocat des Caisses d'Epargne de l'époque dément: " C'est Pérol qui menait les débats, confirme Alain Lemaire, le numéro deux de l'Ecureuil. Je me souviens d'échanges houleux, et notamment d'un où Pérol nous a mis la pression (…). Nous n'aurions jamais l'accord des pouvoirs publics si nous n'acceptions d'intégrer les filiales au futur organe central." Pourtant, le juge Roger Le Loir a reçu quelques témoignages édifiants dont certains anonymes. Et il a compris que cette fusion bancaire était, d'après Pérol, "une belle opération stratégique comportant démutualisation totale ou partielle".
6. La fusion des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires a été décidée, imposée par Nicolas Sarkozy. La nomination de François Pérol également. Bizarrement, personne n'a retrouvé les archives de Claude Guéant à l'Elysée. D'après Mediapart, l'affaire "commence en 2004 quand Nicolas Sarkozy cesse d'être ministre des finances pour devenir ministre de l'intérieur."
Que retenir ? Un président bien volontariste pour user de son pouvoir et imposer la nomination d'un proche à la tête d'un établissement bancaire.
Lire aussi:

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte