Par Alex Korbel.

L’hostilité envers ce qui est perçu comme différent ne se limite pas à quelques propos toxiques, à des insultes blessantes, à des gestes odieux, ou à des actes violents isolés. Ceux-ci captent quelquefois l’attention des médias mais tout donne à penser que la xénophobie est un phénomène extrêmement commun. On ne serait pas étonné d’apprendre que 15 ou 20% des gens se sont senti victimes de discrimination en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique ou de leur religion.
Le « respect » pourrait sembler l’antidote le plus efficace contre la xénophobie. Pour rendre la société plus tolérante, ne devrions-nous pas respecter nos concitoyens, indépendamment de leur origine ethnique, religieuse ou culturelle ? Bien que le projet de création d’une société plus respectueuse soit louable, cet appel au « respect » semble inutile et irréalisable. Si toutes les personnes tenaient soudain en estime toutes les religions, toutes les cultures, toutes les origines, le fléau social de la xénophobie serait certainement éliminé. Toutefois, veiller à ce qu’aucune personne ne soit maltraitée ou agressée dans sa vie de tous les jours n’exige pas quelque chose d’aussi exigeant que le respect universel.
« On s’en fout. Vis ta vie. Oublie-moi. »1
En réalité, la création d’un pays tolérant exige seulement une insouciante indifférence envers la diversité.
Il n’est pas nécessaire que ceux qui font bêtement un salut complice en posant devant la plaque de la Rue au Four développent soudainement un profond enthousiasme pour la cuisine casher ou la philosophie rabbinique. Il faudrait juste qu’ils cessent de faire tout un plat de la diversité culturelle et religieuse. Qu’ils fassent preuve d’un peu plus d’apathie, de désengagement, de désintérêt, de détachement, voire de nonchalance. Qu’ils soient moins obsédés par tout cela. Qu’ils passent à autre chose. Bref, qu’ils s’en fichent un peu plus.
Et cela vaut aussi pour les champions auto-proclamés de la diversité – qui ne devrait jamais être un but politique. Mais ce sera le sujet d’un autre article.
Non seulement le respect n’est pas nécessaire pour mettre fin à la xénophobie, mais un objectif plus modeste d’indifférence est le seul à être réaliste.

Jusqu’à ce qu’un « et alors ? » ou un haussement d’épaules indifférent soit la pire réaction que les gens de toutes couleurs, croyances et cultures puissent imaginer recevoir de leurs concitoyens, notre société a encore du chemin à parcourir.
- Source : l’hymne du laissez-faire, laissez-parler. ↩